J’avais introduit le film It Follows dans le lecteur sans appréhension aucune. C’était sans compter la peur viscérale qui ne m’a pas lâchée dès les 10 premières minutes jusqu’à cette terrible fin. Je m’en remets doucement avec des photos de bébés chats. J’avais pourtant vu des chroniques, notamment celle du Fossoyeur de Films, disant que It Follows n’avait rien de terrifiant. Ce qui pousse à cette réflexion : Comment des personnes peuvent avoir un ressenti si différent quant à la peur au cinéma ? J’ai pourtant derrière moi un bagage de fan du genre, je ne suis pas facilement effrayée. Mais le vécu des spectateurs entre en jeu face aux sentiments qu’ils éprouvent devant un film. Et les films d’horreurs, d’épouvantes ou même gores exacerbent les sentiments par le vécu. Ce genre se poste ainsi en étendard de l’émotion brut. Hors ces qualités cinématographiques, un film d’horreur peut diviser et ce juste à cause d’un unique sentiment ressenti ou non, la peur.

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Public durant la projection de Paranormal Activity, 2007

Prenons le cas de Paranormal Activity, qui a scindé le public sans juste milieux entre ceux qui s’étaient ennuyés et les autres sortis terrifiés des salles. Certaines thématiques vont toucher un public plus large en utilisant des peurs communes, surtout liées à l’enfance. Tout le monde a un jour eu peur du monstre sous le lit et réveiller cette peur avec Freddy ou autres Bougeyman est le moyen le plus simple d’accéder à un plus grand public. Nos films préférés sont ceux qui nous ont donné le plus de sentiments par rapport à notre propre vécu émotionnel.

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Psychose, 1960

C’est ce qui nous amène à la catharsis, l’épuration des passions. Je ne pense pas que le cinéma d’épouvante pousse les gens à l’horreur, malgré quelques histoires comme le jeune homme qui s’est déguisé en tueur de Scream et a tué sa petite copine à coups de couteau. Certains hommes sont déments et le cinéma n’a pas alimenté cette folie, il en est une excuse. La plupart des gens ne vont pas tomber amoureux de leur mère en voyant Psychose. Le film d’horreur est au public d’aujourd’hui ce que la tragédie était à l’antiquité : un défouloir des passions et des sentiments, un miroir de l’âme. Voir des choses horribles nous fait prendre conscience de nos propres peurs, de ce que nous refusons d’accepter ou même de vivre. Pour citer Aristote, qui malheureusement n’a pas connu Romero ou Carpenter, « La tragédie est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen de la narration et qui par l’entreprise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre. » Le cinéma d’horreur se trouve alors être une leçon, une mise en garde face à de mauvaises pulsions, en provoquant des sentiments de peur ou d’empathie.

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The Thing, 1982

La peur trouve également ses racines dans une époque donnée. Les sujets traités dans les films sont un moyen pour le spectateur d’illustrer les peurs et changements de son temps (la peur du nucléaire avec La Colline à des yeux, le SIDA pour The Thing, la consommation de masse dans Zombies, …). Si certains films d’anciennes générations ne paraissent plus aussi effrayants aujourd’hui, ce n’est pas seulement à cause des effets visuels surannés, c’est que le public change et le Cinéma s’adapte. Mais quelques films suscitent toujours autant de peur chez le spectateur par leur thématique universelle et toujours d’actualité (Alien et la peur de l’étranger, etc…).

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Alien Le Huitième Passager, 1979

Le cinéma horrifique est aussi un moyen de se sentir d’une certaine façon vivant en provoquant la peur, à l’instar du saut à parachute et autres sports extrêmes. La peur est un sentiment qui peut s’exprimer physiquement, avec la chair de poule, les cris et sursauts, ce qui est un test envers soi-même, un moyen de sortir du quotidien à l’aide de sensations fortes.

Bien qu’aux yeux des profanes ou des détracteurs, le cinéma horrifique est un sous genre qui amène à la violence (ils ne savent vraiment pas ce qu’ils perdent), le public reste en quête des sensations que procure la peur ce qui en fait un genre prolifique et prospère, pour notre plus grand plaisir.