J’avais 9 ans quand le film La Communauté de l’Anneau est sorti, et au début, on n’était pas fait pour s’entendre toi et moi. Je l’ai vu au Cinéma avec ma famille, et étant arrivés en retard dans notre petite salle de quartier, nous avons été relégués au premier rang, pour ainsi dire collés à l’écran. J’avais mal aux yeux, au crane, je n’ai rien compris à ta fichue histoire. J’ai même été longtemps hantée par les affreux yeux jaunes d’un certain Gollum dans les souterrains de la Moria. Bref, j’ai détesté, moi qui pourtant avait déjà un amour immodéré pour Alien et Terminator. Toute gosse je regardais en boucle avec mon petit frère la scène où le T800 s’arrache l’œil au dessus d’un lavabo, aucun de nous n’a terminé sociopathe, merci d’avoir posé la question. La suite de notre histoire a été tout aussi chaotique. J’ai vu pour la première fois Les Deux Tours encore une fois avec mes frères sur un écran d’ordinateur en version piratée complètement dégueue, accompagnée du doux son des popcorn enregistrés. Bref, j’avais déjà enterré à 10 ans toute envie de clôturer cette aventure avec toi et de suivre Frodon dans sa destruction de ce foutu anneau magique. Parallèlement pourtant, j’ai lu mon tout premier roman de ce cher John Ronald Reuel, Le Hobbit, ma passion pour lui est donc arrivée avant celle que j’ai pour toi, mais aucun remords, continuons le récit de notre dramatique (mais pas tragique) histoire. C’est seulement en 2003, âgée de 11 ans donc, que j’ai commencé ce culte que je te voue. J’ai enfin vu dans des conditions décentes à l’UGC d’Enghien-les-Bains la fin de tes aventures avec Le Retour du Roi, et je suis sortie émerveillée et conquise de la salle. Deux ou trois ans plus tard mon grand frère m’offrait en DVD le coffret de ta trilogie, que j’ai vu depuis un nombre incalculable de fois. Je connais par cœur la moindre réplique, les moindres changements de découpage des versions longues et Cinéma. Tout comme toi Peter, je suis passionnément tombée amoureuse de l’œuvre de Tolkien et tout particulièrement de sa Comté. J’ai été attristée comme tu as du l’être du rejet de ta trilogie par son fils Christopher, toi qui a pourtant adapté brillamment ces romans réputés inadaptables. Tu as su rendre hommage à l’amour de Tolkien pour sa campagne anglaise tout en magnifiant les paysages de ton propre pays, qui d’ailleurs semblent être terre d’accueil des productions filmiques qui adaptent les œuvres de ces deux amis inséparables qu’étaient Lewis et Tolkien. Mais notre histoire ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. J’ai visionné les films génialement gores de tes débuts, j’ai été conquise par la poésie dont tu as fait preuve dans Heavenly Creatures,  j’ai ri  devant ton premier essai Hollywoodien avec Fantômes contre Fantômes. J’ai pleuré à l’avant première de ton King Kong aussi, et le jour de mes 18 ans, j’ai vu après mon bac blanc de mathématiques ton magnifique Lovely Bones. J’ai essuyé les sarcasmes de mes professeurs à la fac en Licence Cinéma quand je disais que tu étais mon réalisateur préféré. Tu m’as permis d’enraciner dans mon ptit crane l’idée que le Cinéma pouvait être populaire et de qualité, et je prends aujourd’hui autant de plaisir à voir un film muet allemand qu’un blockbuster américain. Oui, tu m’accompagnes partout, de la carte de la Nouvelle-Zélande accrochée sur le mur du salon de mon appartement à l’anneau (pas si) unique que je porte toujours autour de mon cou. Ce n’est pas du fanatisme, c’est juste une douce tendresse que j’ai pour toi et ton œuvre. Tu respires la passion cher Peter, dans ta volonté de t’approprier le King Kong de ton enfance, dans le respect que tu as pour Tolkien à travers tes six adaptations, même si elles sont imparfaites. Je ne t’en ai pas voulu pour le désastre qu’était le troisième volet du Hobbit, et c’est le cœur lourd que j’ai dit au revoir à cette merveilleuse aventure en Terre du Milieu durant ce générique plein de nostalgie chanté par Billy « Pippin » Boyd. J’attends avec impatience la suite tes propres aventures Peter, que ce soit au près de Spielberg ou n’importe où ailleurs, j’ai une confiance éternelle en toi.

Très Affectueusement,

Marion

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Ian Mckellen, le regretté Christopher Lee et Peter Jackson sur le tournage de La Communauté de l’Anneau