En 2013, George Lucas et Steven Spielberg avaient prédit un avenir sombre pour l’industrie du Cinéma, en parlant de blockbusters tellement chers qu’ils pourraient faire s’écrouler l’industrie s’ils étaient trop nombreux à se planter au box office. Ces propos peuvent sembler ironiques, surtout de la part des deux mastodontes de l’entertainment, et encore plus venant du réalisateur des Dents de la mer, premier blockbuster de l’histoire du Cinéma. L’été qui suivit appuya leur théorie, avec des échecs commerciaux comme After Earth et surtout Lone Ranger, produit par Disney qui devait encore trembler du fulgurant échec de John Carter un an et demi au paravent et qui avait failli les mettre dans une misère crasse avec 200 millions de dollars de pertes sur ce seul long métrage. Cette année encore, le box office a réalisé quelques surprises. Retour sur un été 2016 en demie teinte, entre coups de cœur et coups de gueule.

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The Strangers, Na Hong-jin

Je pense que le cinéma sud-coréen a de beaux jours devant lui. Je n’ai malheureusement pas encore vu Le dernier train pour Busan qui fait énormément parler de lui, mais The Strangers a été ma claque Cinéma de cet été voir de cette année. Je suis tellement peu surprise par des scénarios originaux aujourd’hui que j’encense la moindre histoire qui sort un peu des sentiers battus. The Strangers va au delà de ça. Le mélange des genres et l’atmosphère mystique qui imprègne le film peu à peu jusqu’à tomber dans l’horreur après deux heures en font un film viscéral, qui me hante encore au bout de deux mois. Je ne pense pas avoir saisi toute la symbolique du film, n’étant pas familière de la culture orientale, et c’est aussi peut-être ce qui lui donne ce charme exotique. En autre coup de cœur de l’été, je citerai Love & Friendship, dont j’avais fait une critique ici.

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Conjuring 2, James Wan

L’horreur cet été nous a offert de beaux spécimens, notamment avec Conjuring 2, qui prouve que James Wan est un des grands maitres de l’horreur, en utilisant des effets et mouvements de caméra efficaces et inventifs. Mention spéciale à cet incroyable plan fixe où Ed Warren interview Janet assise dans le fauteuil. Grande déception pour ma part quant au film Dans le noir, alors que le court métrage dont il s’inspire promettait un grand film. Mis à part une première scène efficace, le long métrage tombe rapidement dans la platitude d’un téléfilm horrifique, sans véritables enjeux ni réelles explications des motivations des personnages. Le film m’a laissé une impression de vide scénaristique alors même que le « monstre » présentait des perspectives intéressantes, surtout quant aux nombreuses possibilités qu’il offrait pour le traitement de l’image et de la lumière.

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Star Trek Sans Limites, Justin Lin

J’avais un peu peur que le nouveau Star Trek Sans Limites soit une catastrophe, celui-ci n’étant pas réalisé par J.J Abrams, trop occupé par les Star Wars VII et IX. C’était sans compter sur le scénario de Doug Jung et Simon Pegg, mêlant humour et scènes épiques sans se prendre au sérieux, particulièrement lors de la scène où [attention spoiler] le vaisseau de nos héros surfe littéralement sur l’essaim formé par les vaisseaux ennemis en les détruisant à coup de son des Beastie Boys [fin du spoiler]. En hommage déjanté des Gardiens de la Galaxie, le réalisateur Justin Lin nous offre un moment jouissif et fun, sans vouloir tomber dans le « on veut à tout pris être trop hype et cool » façon Suicide Squad. Parlons d’ailleurs du film DC. Aujourd’hui, en 2016, la réussite d’un film se compte en chiffre. Selon les actionnaires, Suicide Squad est dont une réussite totale, un grand film, une expérience a réitérer. L’échec critique ne compte pas, l’art ne vaut rien, et c’est en gentil mouton que moi et des millions d’autres sommes aller voir cette bouse infâme. Un objet non terminé, un foutage de gueule éhonté pour le spectateur qui a été matraqué par la communication d’un film qui n’est en fait qu’un objet commercial, alors même que le comics de base est complexe et passionnant. DC s’éloigne désormais de ses œuvres adultes et sombres pour s’orienter vers une politique semblable à celle de Marvel. La bande annonce de Justice League montre d’ailleurs que les films futurs vont aller dans ce sens, à coup de son rock & roll et blagues potaches. C’est un immense gâchis. Parmi les autres ratés de l’été, on peut citer Alice au pays des Merveilles: De l’autre coté du miroir, dont il n’y a pas grand chose à dire à part que son visionnage était une franche perte de temps, malgré une certaine inspiration pour les décors. Independance Day: Resurgence remplissait pour sa part son contrat, celui de scènes d’actions épiques pro américaines avec son lot de dialogues qui prêtent à sourire en tombant souvent dans la niaiserie et le ringard.

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Insaisissables 2, Jon M. Chu

Car c’est aussi ça un film de l’été, une œuvre sans prétention qui est vendue comme un divertissement et qui offre un moment agréable à passer entre amis. Je citerai ainsi Insaisissables 2, Le Monde de Dory, Tarzan, American Nightmare 3 et Nos pires voisins 2, qui sont des œuvres oubliables mais sympatoches sur l’instant, où j’ai passé un bon moment. Le tout est de ne pas nous proposer seulement ce genre de films en salle.

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Stranger Things

Parlons maintenant petit écran. L’énorme surprise série de ce mois d’aout a bien évidemment été l’incroyable Stranger Things, hommage geek aux films des années 80, de E.T aux Goonies en passant pas Stand by me. A l’instar de Super 8 et des Gardiens de la galaxie, Stranger Things est une lettre d’amour bourrée de références à cette décennie sans faire de pastiche. Le scénario est brillant et les comédiens, pour la jeune comme l’ancienne génération, sont tous impeccables. Mention spéciale à Eleven et Dustin, mes coups de cœur de la série. J’attends beaucoup de la saison 2, tout en espérant que les showrunners ne fassent pas la même erreur que Nic Pizzolatto avec True Detective en ne suivant pas les mêmes personnages dans la trame du récit. J’ajouterai également quelques mots pour Game of Thrones, dont le dernier épisode est sorti le 27 juin en France et nous a permis de commencer l’été en beauté. Cette saison 6 est a mes yeux une des meilleurs de la série, avec des prouesses visuelles comme la scène de la bataille de l’épisode 9, des personnages encore plus nuancés et passionnants ainsi que de nouveaux moments traumatisants comme [attention spoiler] la mort d’Hodor [fin du spoiler], ou jouissifs avec [attention spoiler] celle de Ramsey [fin du spoiler].

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Game of Thrones, saison 6

 Ce sont des projets audacieux, venant de cinéastes novateurs et de scénaristes inspirés qui sont à mes yeux l’avenir du Cinéma. Un budget ne fait en rien un grand film, un bon scénario n’a pas de prix. La qualité des films proposés au Cinéma se fait plus rare alors que l’ingéniosité des séries est de plus en plus présente. L’été n’est pas la saison rêvée pour la sortie de grands films, mais c’est durant cette période que le vide grossier des œuvres se fait sentir. Les quelques mois qui vont s’écouler avant la fin de l’année vont être le théâtre de projets appétissants, du prochain film de Xavier Dolan Juste la fin du monde, au très attendu Premier Contact de Denis Villeneuve. J’espère vivre de bonnes surprises en salle.

Et vous, quels sont les films qui vous ont déçus, que vous avez aimés? Quels sont vos attentes pour cette fin d’année?