Cette année cinéma me laisse un amer gout dans la bouche. Beaucoup de films très attendus qui se révèlent en fait être de véritables déceptions. Mais il y a aussi de jolies coups de cœur, et pour rattraper mon absence, je vous parle ici des 10 films qui ont marqué cette première moitié d’année 2017. J’attends vos coups de cœur!

 

Grave, de Julia Ducournau

Grave est un bijou sanglant au haut de cœur assuré. Sans jamais tomber dans le ridicule, le film étonne en traitant une fiction réaliste par des images cauchemardesques et léchées. L’école, lieu pourtant banale, est ici théâtre du changement farouche d’une jeune fille en femme aux appétits plutôt inhabituels. Le désir charnel n’est alors plus une métaphore mais un besoin vorace et physique. Le Cinéma français avait besoin d’une oeuvre aussi audacieuse et sans réserve.

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La La Land, de Damien Chazelle

Il m’a fallu du temps pour digérer La La Land. Loin de l’aspect purement jovial ou au pire mélancolique que présageait la bande annonce, j’y ai trouvé une certaine gravité malgré les couleurs chatoyantes. Pour la première fois, je me suis identifiée à un personnage masculin, ce qui m’a au prime abord rebuté au vu des malheurs qu’endure Sebastian interprété par Ryan Gosling. J’ai donc mis une véritable distance durant le premier visionnage du film. C’est au second que j’ai réappris à apprécier le travail impeccable de la photographie et la symbolique des couleurs, moi qui suis pourtant insensible aux comédies musicales et les ai même en horreur. Dans La La Land bien plus que dans Whiplash, j’ai trouvé une symétrie dans le cadre et une réflexion dans les couleurs extrêmement poussées. Cela m’a beaucoup fait pensé aux œuvres de Wes Anderson, non pas dans l’intrigue évidemment mais juste pour l’aspect visuel. C’est d’ailleurs plus le traitement de l’image que l’histoire qui reste en tête des mois après le visionnage.

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Logan, de James Mangold

J’ai de plus en plus de mal avec la surproduction de films de super héros, pourtant dévoreuse de comics. Et bien que fan des films X-Men, j’avais détesté les deux premiers Wolverine. Mais parfois il y a des petits bijoux bruts et rares qui sortent du lot comme le presque intimiste Logan, pourtant réalisé comme le deuxième opus par James Mangold. Loin des canons scénaristiques du film super héroïque, le film est un adieu poétique tout en jouant sur le renouveau et la rédemption. Ici Wolverine n’est plus qu’un mythe. Physiquement Logan ne ressemble plus à ce super héro qu’il était. Il ne l’incarne même plus dans ces actes. Les personnes qui le connaissaient sont morts. Le seul encore vivant qui pourrait perpétuer sa mémoire est un nonagénaire ayant Alzheimer. La seule trace de son passage se trouve dans des comics que le personnage dit lui-même être de la fiction; magnifique mise en abîme! Mais comme pour briser cette barrière entre la fiction et le réel, la réponse pour l’Eden se trouve dans une vielle bande dessinée. Logan doit alors redevenir Wolverine, d’abord physiquement à l’aide de ciseaux et de mains d’enfants, puis dans l’acte de bravoure. Le mythe se construit et se déconstruit pour mieux marquer l’esprit et laisser place à la nouvelle génération. En espérant qu’elle donnera de bons films…

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Split, de M. Night Shyamalan

Plus de 10 ans qu’on attendait avec impatience le retour du prodige Shyamalan. Après des chefs-d’œuvre comme Le 6ème Sens, Le Village, Signe et Incassable, il était parti vers un sentier couvert de bouses avec des films comme After Earth et Le dernier maître de l’air. Il m’avait donné de l’espoir avec son The Visit, pas exceptionnel mais intéressant. Son retour est désormais officiel avec le démentiel Split. Le film, d’abord réaliste, glisse doucement vers un surnaturel délicieux et surprenant pour nous dévoiler sa véritable nature en suite d’Incassable. Le troisième volet, où s’affronteront la Bête et David Dunn est plus qu’alléchant. Loin des formats préfabriqués du film de super héro, Shyamalan propose une lecture différente du genre, plus encrée dans le réel, moins ostentatoire, dans une ère où tout doit être plus gros et plus grands (je pense par exemple à Hulk avec une armure dans Thor Ragnarok…).

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Get Out, de Jordan Peele

Il y avait eu La Nuit des Morts Vivants de Romero en 1968, et puis plus grand chose… Le racisme dans le cinéma d’horreur n’était plus une thématique complètement intégrée à l’intrigue, jusqu’à Get Out. Si le film en soit ne m’a pas déclenché une frousse façon It Follows, il a le mérite de remettre au gout du jour l’aspect social et politique bien présent dans les films d’épouvante des années 70. Le film prend le temps de mettre une ambiance pesante à coup de musique thème vaudou et de regards du personnage central amplifiés par son objectif. La vision du héro Chris sur les protagonistes qui l’entourent devient la notre, la peur passe par l’œil, qui est d’ailleurs seule fenêtre sur le monde quand les afro-américains sont dépossédés de leur corps. L’immersion ne laisse pas place à l’effroi mais qu’importe, on se laisse prendre par ce scénario simple mais terriblement efficace dans une Amérique sudiste qui vient de passer 8 ans sous l’air Obama.

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Kong Skull Island, de Jordan Vogt-Roberts

Tout est plus gros, plus impressionnant, très différent des autres Kong. Tant mieux, des dizaines de films après l’original de 1933, le mythe avait besoin d’être dépoussiéré. Bien qu’imparfait, il a le mérite de rentrer directement dans l’action. Contrairement à son homonyme de 2005 où Kong apparaissait plus d’une heure après le début du film, dans Kong: Skull Island, la créature est très rapidement présente, imposante même. L’action est omniprésente et harassante, mais est filmé avec un soin qui fait de ce film non pas un chef d’oeuvre du genre mais un excellent moment de cinéma.

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Nocturnal Animals, de Tom Ford

La première scène provoque un malaise qui ne quitte pas durant tout le film. Même la beauté de la photographie et celle montrée vieillissante de Amy Adams n’enlèveront pas le trouble. D’habitude les histoires de vengeance sont érigées par des hommes forts et brutaux, à l’instar de Old Boy ou Taken. Ici le personnage interprété par Jake Gyllenhaal est faible et insipide. Cette faiblesse il en fait même un roman, vengeance sous forme de métaphore des violences que son ex femme lui a faite, des violences qu’il aurait voulu lui faire. Perturbant et frappant, Tom Ford signe un second film plus dérangé mais tout aussi parfait que son premier.

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Dunkerque, de Christopher Nolan

Des dialogues presque inexistants, la musique oppressante de Hans Zimmer et la perfection des plans. Une trame sur une double temporalité pour voir la guerre de deux façons, extrême, intense. Qu’importe si l’armée française n’est pas mis plus en avant, qu’importe les erreurs présentent à l’écran selon certains (figurants récalcitrant, il paraîtrait qu’on voit des velux, …), l’émotion m’a tellement submergée que j’ai senti un poids sur la poitrine et une boule au ventre tout le film. C’est ça aussi le Cinéma, de l’émotion à l’état brut et rien d’autres. Du grand spectacle, comme d’habitude avec Nolan.

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Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Sans jamais tombé dans la facilité et la lamentation, le film autobiographique de Grand Corps Malade propose un regard différent sur le handicap, la vie au quotidien, les amis, les amours, les regrets, mais surtout l’humour qui fait de ce film une perle brut, intouchable grâce à sa sincérité. Les acteurs, parfait de bout en bout, loin des démonstrations d’humour surjouées habituelles dans l’hexagone, offrent un rafraîchissement bienvenu dans le paysage cinématographique français.

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Quelques minutes après minuit, de Juan Antonio Bayona

La bande annonce ne laissait pas présager un film aussi vrai, profond et dur. Film d’apprentissage « d’un garçon trop petit pour être un homme et trop grand pour être un enfant ». La gravité du sujet traité du point de vu de l’enfance rend le film d’autant plus poignant qu’il est cruel. L’apparence enfantine est trompeuse, je ne montrerai pas ce film à un enfant de 10 ans, malgré la présence de contes et d’un arbre géant qui parle. Oeuvre magnifique mais à ne pas montré à une âme trop sensible.

SIEBEN MINUTEN NACH MITTERNACHT