Merci à Yuko de m’avoir donné l’idée de faire un article sur mes romans préférés.

Boulimique de films, je l’ai d’abord été de livres, que j’englouti depuis mon enfance à un rythme qui s’est malheureusement ralenti depuis l’âge adulte. Mais je continue tout de même à me plonger dans deux ou trois romans chaque mois, même si je suis devenue particulièrement exigeante avec le temps. Cette exigence je la dois aux romans qui sont dans cet article et qui m’ont tous à leur façon déclenchés des passions et des nuits plus que blanches. Merci à eux.

J’attends avec impatience vos romans chéris, que je vous les vole!

 

Les Hauts de Hurlevent, Emily Bronte, 1847

Je ne pouvais que en parler en premier. Comment une jeune fille qui a vécu la grande majorité de sa vie isolée dans la lande écossaise a pu engendrer une oeuvre aussi élaborée dans son écriture et dans les sentiments. On ne peut comprendre la complexité de la passion qui unit le cruel Heathcliff à l’infernale Catherine, on ne peut que la prendre de plein fouet et la subir. Cette histoire entre deux êtres mauvais mais que j’adore grâce à leur seul faculté d’aimé aussi intensément ne me quitte plus depuis que je l’ai lu à 18 ans (j’en ai 25). Cette vengeance sur 20 ans que Heathcliff inflige, je l’ai infligée à ses côtés. La passion déchaînée j’ai pu en ressentir des fragments. J’ai senti le vent bruyant et glacé d’Ecosse sur mes joues. Et les morts je les ai à chaque fois pleuré.

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Le Simarillion, J.R.R Tolkien, 1977

Autant vous le dire tout de suite, c’est indigeste. Beaucoup trop d’informations à avaler dans ce pavé posthume de Tolkien. Mais en tant que fan inconditionnelle, ce roman est une source d’informations infinis sur le légendaire de la Terre du Milieu qui retrace toute l’histoire de Arda, la Terre. Ici, tout est démesuré et Sauron n’est qu’un simple serviteur du réel bad guy Morgoth. Toute la mythologie de Tolkien condensée en une sorte de bible anthologique, à lire plusieurs fois sans hésiter!

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Morgoth

 

La Nuit des Temps, Barjavel, 1968

Seul roman de Barjavel que j’ai aimé, que dis-je, adoré, La Nuit des Temps est une grande oeuvre de science fiction comme on sait les faire en France. C’est l’histoire d’une expédition Antarctique qui devient le théâtre de la découverte d’une civilisation élaborée disparue il y a des milliers d’années. Deux histoires d’amour impossibles séparées par 900 000 ans qui font de cette fresque une oeuvre sublime en mise en garde écolo contre la destruction de notre planète.

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Croquis de la sphère découverte en Antartique

 

Rebecca, Daphné Du Maurier, 1938

Jamais un titre n’a été plus parfait que celui-ci. L’héroïne, dont on ne connaîtra jamais le nom, est complètement engloutie par cette femme morte il y a un an, Rebecca. Ce nom, omniprésent alors même que le personnage central est timide est renfermé, est comme un fantôme entêtant dont il faudra tout le roman pour se débarrasser. Magnifique et surprenant. Je vous conseille vivement l’adaptation qu’en a fait Hitchcock avec le génial Laurence Olivier.

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Laurence Olivier dans le film De Hitchcock

 

1984, George Orwell, 1949

J’aurais pu mettre tous les romans d’Orwell dans cette liste. Une fille de Pasteur, Dans la dèche à Paris et à Londres, Hommage à la Catalogne, … Mais quand on parle de l’oeuvre maîtresse d’Orwell le choix est évident. Il avait tout deviné des décennies avant, la surveillance jusqu’à chez soi (internet), l’abrutissement télévisuel, les dictatures, même l’écran plat! Mais son roman n’est pas qu’une anticipation, il est aussi une oeuvre où s’éveillent des désirs complexes et brutaux, des passions douces mais aussi traîtres. Il est un questionnement sur ce qu’est capable d’endurer l’Homme et ce qu’il est prêt à faire pour ne plus avoir peur. Sublime et traumatisant.

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Orwell, créateur de Big Brother

 

Notre Dame de Paris, Victor Hugo, 1831

Oubliez tout de suite la comédie musicale et le film Disney. Dans ce roman Esmeralda a 16 ans et est ardemment désirée par trois hommes; l’archidiacre Frollon (donc non, ce n’est pas un juge, mais un prêtre pédophile, Disney ils se sont dit ça ne va peut-être pas passer mes biquets), un bossu qu’elle déteste (donc encore non, ils ne sont pas best friend) et un capitaine des archers nommé Phoebus qui est fiancé mais veut quand même jouer à touche pipi (encore une fois on est pas chez Disney mais avec le tourmenté Hugo). Ce roman est donc une fresque sombre et grave dans un Paris déchiré mais magnifié par les descriptions de l’auteur. J’ai pris d’autant plus de plaisir à lire la description des toits de Paris que j’en connaissais les rues. J’ai beaucoup de mal avec les œuvres que Victor Hugo a publié plus vieux, étant à mes yeux beaucoup trop chargées en description et pompeuse dans l’écriture. Notre Dame de Paris au contraire est parfaitement distillé et c’est d’avantage l’histoire qui est mise en avant plutôt qu’une écriture élaborée mais ronflante.

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Cour des miracles

 

Le MoineMatthew Gregory Lewis, 1796

Continuons dans la lignée des romans parlant d’homme d’église pervers, et quel roman plus approprié pour en parler que celui-ci, que j’ai terminé aujourd’hui et qui fut un énorme coup de cœur. Ici ce qui se montre ostentatoirement pur ne l’est pas (les membres de l’Eglise) et se trouve être au mieux la méchanceté incarnée, au pire la plus abominable des perversions. En athée convaincue c’est avec plaisir que j’ai suivi les turpitudes infâmes du prêtre Ambrosio et de sa complice Mathilde. Roman adoré de Sade, l’histoire, déjà malsaine aujourd’hui, devait horrifier à l’époque. J’ai adoré l’écriture extrêmement fluide et agréable de ce roman haletant de bout en bout et à la fin tragique.

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L’Appel de Cthulhu, H.P Lovecraft, 1928

Qu’importe la misogynie latente de Lovecraft, elle se marie bien avec sa folie et elle est pardonnée par son génie. Le Cthulhu, incroyable monstre de l’espace dormant dans les profondeurs, créature cauchemardesque tapie dans l’ombre, aperçue en rêve, chuchoté par des membres d’un culte secret. Tout repose ici sur la peur et la seule limite est l’imaginaire d’un cerveau malade. Et comme une mise en abîme, après avoir pris existence de cette créature, on ne s’en débarrasse plus, pas même en rêve (ni sur le mur de mon salon où trône un incroyable dessin de la bête).

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Mur de mon salon, le Cthulhu à gauche, Dr Strange au milieu, coeur en baton de cannelle à droite. Oui oui tout va bien

 

Des fleurs pour Algernon, Daniel Keyes, 1966

Un simple d’esprit, soumis à une expérience visant à le rendre plus intelligent, tient un journal intime. Si au début on s’y reprend à deux fois pour comprendre son écriture simplette et pleines de fautes d’orthographes, il faut à la fin relire le texte qui dépasse largement la compréhension de notre esprit. L’évolution du protagoniste principal Charlie observée grâce à son journal permet de se mettre à la place des scientifiques qui l’examinent aussi, et vivent le même désarroi que le lecteur. De la SF belle par les sentiments quelle procure, tout comme les romans du même genre cités précédemment.

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Jane Eyre, Charlotte Bronte, 1847

Les soeurs Bronte font indubitablement parti des piliers de ma bibliothèque. Et si Ann n’est pas présente dans le classement elle l’est clairement dans mon cœur. Plus doux dans sa passion que Les Hauts de Hurlevent, Jane Eyre est néanmoins une oeuvre fantasmagorique qui traite d’une passion plus pure mais tout aussi belle entre le « maître » d’un château de 40 ans et la jeune employée qui s’occupe de l’éducation de sa pupille. Un roman qu’il faut lire et relire plutôt que d’en parler.

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Mais aussi …

Les Mysteres d’Udolphe, Ann Radcliff, 1794

Sur la route, Jack Kerouac, 1957

Les raisins de la colère, John Steinbeck, 1939

Le Livre des Baltimore, Joel Dicker, 2015  – j’en avais déjà parlé dans un article.

Price, Steve Tesich, 1982

Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patatesMary Ann Shaffer et Annie Barrows, 2008

Ma Cousine Rachel, Daphné Du Maurier, 1951

Le Seigneur des Anneaux, J.R.R Tolkien, 1954 et 1955

Harry Potter, J.K Rowling, 1997 à 2007