Après avoir fait la critique d’une bande annonce (pour laquelle je me suis fait joyeusement insultée sur Facebook à coup de « Où va-t-on si on fait des critiques de trailer » et de « elle est payée au mot »), je m’attaque cette fois à une critique comparative de Colossal avec Incassable. Je crois que si je n’ai pas beaucoup de critiques de films dans mon blog c’est surtout que je n’apprécie pas vraiment cet exercice mais la ressemblance entre ces deux films (que j’adore) m’a tellement frappé que j’avais envie d’en faire un billet. Je décris les parallèles entre les deux films, cet article comprend alors évidement des éléments précis de l’intrigue, donc attention spoiler!

Colossal, de Nacho Vigalondo, sorti en E-Cinéma le 27 juillet 2017, avec Anne Hathaway et Jason Sudeikis

Incassable, de M. Night Shyamalan, sorti au Cinéma le 27 décembre 2000, avec Bruce Willis et Samuel L. Jackson

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J’ai vu hier soir Colossal, film dont je n’attendais rien et que j’ai littéralement adoré. Vendu comme une comédie SF, j’y vois plutôt une relecture dramatique de film de Kaiju (film de monstres japonais, monstre non pas dans le sens européen monstrueux, mais plutôt force de la nature, à l’instar des films Godzilla, King Kong, Cloverfield et Pacific Rim pour ne citer que les plus connus). Certains genres sont extrêmement codifiés et à l’accoutumé, le cinéma fantastique, d’autant plus le film kaiju, n’échappe pas à ces règles. Ici le film se présente comme une fiction réaliste et garde cet aspect tout au long du film en y mêlant la science-fiction. Ce qui fait la force de ce long métrage c’est que les kaijus servent l’histoire en permettant de mieux mettre en avant la relation entre les personnages et non pas l’inverse comme traditionnellement.

Et c’est cet aspect de fiction réaliste, en relecture d’un genre, qui a d’abord titillé mon bagage cinéphile. Incassable ne reprend clairement pas tous les codes du film de super héros et son appartenance à ce genre fait souvent débat (alors qu’il est pour moi avec Watchmen le meilleur représentant de ce genre mais passons). C’est parce que le traitement de l’histoire est fait de la même façon qu’une fiction dramatique, mais il en reprend pourtant les autres codes: la découverte du pouvoir, le costume (même s’il est réaliste), le super vilain, …

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Elijah et David dans Incassable
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Oscar et Gloria dans Colossal

Ce qui lie ces deux longs métrages c’est également le traitement des personnages. Le héros au début de Colossal et Incassable n’est pas épanouie dans sa vie et fait même figure de looser. Mais c’est parce qu’il n’a pas encore atteint sa dimension héroïque. C’est en découvrant ses supers pouvoirs que le héros prend conscience de sa destiné et se prend en main autant dans sa cellule familiale que dans sa vocation de sauveur du Monde. Le vilain lui aussi ne se sent à sa place nul part et se cherche. Il est alors un ami du héros, car il sait que sa dimension fantastique et extraordinaire dépend de lui. C’est quand le super vilain comprend qu’il est l’antagoniste du super héros qu’il prend toute la mesure de sa propre destiné et accepte sans remord son statut de bad guy car il a compris son but en tant qu’adversaire et être exceptionnel.

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Elijah alias le bonhomme qui casse dans Incassable
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Oscar dans Colossal

Dans les deux films, la découverte d’ailleurs par le héros des agissements abominables du vilain se fait presque de la même façon. Dans Incassable, David comprend que Elijah est un être vil avec son pouvoir grâce auquel il peut voir les agissements criminels. Les actes de Elijah se présentent en images insoutenables pour notre héros, qui transforme alors son ami Elijah en son antagoniste: le bonhomme qui casse. De la même façon dans Colossal, Gloria comprend les agissements d’Oscar et son fond malfaisant en se souvenant de ses actes quand ils étaient enfants. C’est là qu’elle prend conscience de toute sa dimension inhumaine et admet son statut d’ennemi car c’était alors sa destiné. Le super héros doit mettre hors d’état de nuire le super vilain malgré les sentiments d’amitié. C’est la notion de devoir qui prime, alors même qu’au début du film le héros était un être égoïste et irresponsable. Dans les deux films c’est dans le rôle d’opposant que les personnages prennent toute leur dimension et s’épanouissent.

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David dans son costume super héroïque dans Incassable

Tout comme Incassable en son temps, j’ai trouvé que Colossal était une véritable pépite qui permet de sortir de ces continuels schémas scénaristiques ennuyeux et prévisibles. Le film flirte continuellement avec le grotesque et parvient à ne jamais tomber dans le ridicule en nous offrant un grand moment de Cinéma. C’est un vent d’air frais qui fait du bien à cette période estivale qui s’est achevée dans un bilan en demie teinte pour les supers productions cinématographiques (Valerian, La Tour Sombre, Baywatch, La Momie, …). Un vrai grand cru 2017, à découvrir d’urgence, en attendant la suite d’Incassable avec le très attendu Glass (glass = verre = bonhomme qui casse, vous me suivez?).