L’Europe influence nombre d’artistes japonnais. Dans le jeu vidéo The Legend of Zelda: Breath of the Wild, on retrouve de nombreux éléments architecturaux inspirés de monuments français comme la basilique de Paray-le-Monial et autres bâtisses européennes. Akira Toriyama, créateur de Dragon Ball, a intitulé trois de ses personnages Bibidi, Bobidi et Boo en hommage certes à Disney, compagnie américaine, mais surtout pour son amour du conte repris par les frères allemands Grimm et le français Charles Perrault. Mais le plus grand amoureux de notre continent est très certainement Hayao Miyazaki. On connait nombre d’obsessions chez le réalisateur japonnais, les plus évidentes sont la nature et l’écologie, l’aviation, les personnages féminins forts, la guerre, … Mais on retrouve dès les années 80 une attirance forte pour l’Europe, pour les œuvres littéraires et pour ses paysages. 

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The Legend of Zelda: Breath of the Wild

Au début de sa carrière, en plus de ses premiers longs métrages, Hayao Miyazaki a travaillé sur plusieurs séries animées notamment Lupin III et Sherlock Holmes. Dans la première, où Miyazaki n’est pas créateur mais réalisateur, le personnage principal est le petit fils du célèbre Gentleman cambrioleur, fils d’une mère japonaise. La série permet ainsi de mélanger les cultures occidentales et orientales en reprenant les histoires les plus célèbres de Maurice Leblanc où l’on peut voir des samouraïs et des références à Hemingway.

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Lupin III, Monkey Punch,1980

Dans la série animée Sherlock Holmes, le célèbre détective et ses acolytes et ennemis ont l’apparence de canidés, qu’ils soient renard, chien ou loup. Les personnages reprennent globalement les caractères de l’oeuvre de base avec quelques éléments changeant comme la logeuse Mme Hudson qui est ici une jeune veuve de 20 ans aventurière. On reconnait alors l’inclination de Miyazaki pour les personnages féminins indépendants et au cœur de l’action, la logeuse étant dans la série une as à la gâchette facile. Les épisodes se déroule bien à Londres, la série est donc une relecture de l’oeuvre de Doyle sans y ajouter une emprise japonaise comme pour Lupin III.

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Sherlock Holmes, Kyosuke Mikuriya et Hayao Miyazaki, 1984

Mais c’est au travers de l’aviation que l’influence européenne se fait le plus criante avec Porco Rosso le cochon pilote italien et surtout Le Vent se Lève. Le film retrace l’histoire vraie d’un ingénieur en aéronautique japonais, qui s’est passionné dès son enfance pour les avions anglais. Le film sonne alors parfois non comme la biographie de l’ingénieur Jiro Horikoshi mais comme la propre auto-biographie du cinéaste, dans ce qui était présenté comme son dernier long métrage (mais il a décidé de sortir pour notre plus grand bonheur de sa retraite). D’ailleurs ce film est son oeuvre la plus réaliste malgré la poésie et le fantastique présent dans les rêves, comme sa propre arrivée à la maturité. Dans ses rêves justement, Jirō voit Giovanni Battista Caproni, ingénieur italien qui accompagne le héros tout au long de sa vie dans son esprit, en mentor bienveillant.  Le film se déroule en Europe notamment en Allemagne à l’aube de la guerre et au Japon, comme un récapitulatif des propres voyages du réalisateur, ayant voyagé en Suède dans sa jeunesse. Mais l’aspect européen qui domine le film est bien entendu le titre, prononcé en français dans le long métrage et venant du poème Le Cimetière Marin du français Paul Valery, avec la citation du premier vers de la dernière strophe « Le vent se lève!… Il faut tenter de vivre! ».

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Le vent se lève, Hayao Miyazaki, 2013

Au cours de sa filmographie, Hayao Miyazaki a montré une attirance forte pour la culture européenne avec notamment des influences d’auteurs britanniques et français, mais aussi avec l’ingéniosité de l’aviation allemande et italienne des années 20 et 30 que l’on peut retrouvé dans ses films. Si l’Europe l’a certes inspiré pour quelques uns de ses projets, notre continent lui voue un véritable culte prouvé par ses prix, avec l’Ours d’or en Allemagne pour Le Voyage de Chihiro ou sa médaille de la ville de Paris en devant chevalier des Arts et de Lettres, mais aussi par le succès quasi systématique de ses films en salle.