Quand je me suis lancée dans la tâche de parler des extraterrestres au Cinéma, je ne pensais pas que le travail de fond serait si ardu, tant par le nombre de films (plus de 200) que par les caractéristiques différentes de ceux ci. Il y a ceux où les petits hommes verts ne le sont pas (vert hein!) et où les peuples galactiques vivent ensemble en harmonie ou non, comme dans Avatar, Star Trek, MIB, Starship Trooper, Le cinquième élément ou Star Wars pour ne citer qu’eux. Dans d’autres films les extraterrestres sont considérés comme des supers héros comme Green Lantern ou Les Gardiens de la Galaxie, ou des Dieux héroïques avec Thor et Superman. Mais aujourd’hui je voudrais surtout parler des films traitant de la découverte de la vie extraterrestre et de la vision proposée de ces créatures venus d’ailleurs, qu’ils soient néfastes ou pacifiques. Comme d’habitude, je ne peux parler de tous les films, je ne traite que ceux que j’ai vu, mais si un oubli vous semble inacceptable, parlons en dans les commentaires 😉 !

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Batman v Superman: L’Aube de la Justice, Zack Snyder, 2016

Quand on pense extraterrestre, les choses sont souvent assez binaires, et le manichéisme est de mise sans juste milieu entre le bien et le mal. Et pourtant, certains films laissent planer le doute comme Le Jour où la Terre s’arrêta, où un extraterrestre à l’apparence de Keanu Reeves vient sur Terre pour délivrer un message, mais est accompagné d’événements étranges et d’un immense robot (je ne parle que du remake n’ayant pas vu l’original de 1951). Dans Les âmes vagabondes, les envahisseurs sont présentés comme des ennemis mais certains d’entre eux se révèlent pacifiques au contact des humains. Dans ces deux films, c’est les qualités éphémères et affectives de l’humanité qui déclenchent la compassion des extraterrestres qui décident alors d’accorder la miséricorde. Si ici le doute est permis durant une grande partie de ces films, les longs métrages sur les martiens laissent souvent seulement le choix entre le bien ou le mal.

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Le Jour où la Terre s’arrêta, Scott Derrickson, 2008

Dans d’autres films, l’invasion est clairement plus nette et violente. On retrouve d’ailleurs des points communs dans nombre d’entre eux. D’abord l’apparition des vaisseaux laissant placer pendant quelques minutes un doute, puis vient l’attaque et la réponse terrienne défensive et offensive. Vient ensuite la vision de la créature, comme un choc des cultures qui n’arrive que tard pour laisser l’imaginaire du spectateur spéculateur. Mais le réel point commun qui fait l’attrait de ces films est le point faible des créatures de l’espace qui permet aux humains de prendre le dessus, car un bon blockbuster américain doit se trouver une vraie fin complaisante où les Hommes (mais surtout les ricains) sont vainqueurs. On retrouve ainsi ce schéma dans La Guerre des Mondes où les extraterrestres succombent aux microbes terriens, dans Mars Attack les martiens explosent au son du Yodel de Slim Whitman avec sa chanson Indian Love Call, dans Evolution ils meurent au contact du Shampoing Head & Shoulders (oui oui) et dans Signes les envahisseurs venus d’ailleurs sont tués au contact de l’eau. Je vais arrêter ici cette liste grande comme le Tibet pour parler plus en détails de ce dernier film cité que j’adore. Pour la petite histoire et comprendre la stupidité d’un envahisseur qui craint l’eau et va sur une planète où 70% de sa composition est justement de ce liquide limpide, il faut revenir à la genèse du projet. Le tournage de Signes devait commencer le 12 septembre 2001… Comment vous dire que tout a été stoppé… Shyamalan voyant son scénario alors totalement stérile face à ce que son pays venait d’endurer, l’a réécrit fissa pour rendre ce que le film est aujourd’hui, une métaphore de la reconstruction de l’Amérique. Le héros, l’ancien pasteur Graham, a perdu la foi en Dieu (= foi en son pays) face à la perte de sa femme (= beaucoup d’américains ont perdu un proche). Les aliens arrivent sur Terre (alien signifie étranger en anglais, étranger = djihadistes d’Al-Quaïda) pour tout détruire. La famille se ressoude et s’unit face à l’adversité (= l’union fait la force) et détruit l’envahisseur avec de l’eau (= vous êtes stupide de croire que vous pouviez vous en prendre aux USA sans subir un courroux destructeur). L’eau métaphorise le pouvoir américain, dans le sens où après l’attaque du 11 septembre, l’Amérique a voulu montrer qu’aucune force ne pouvait la vaincre et que toute attaque est vaine. Ce film sonne comme une volonté de reconstruction du pays et d’unité. D’ailleurs, la maison des Hess a été construite exprès pour le tournage avec en directive de représenter l’Amérique (maison coloniale, fenêtres donnant l’impression du drapeau américain, …). Cette cellule familiale métaphorise alors tout un peuple. Et c’est ça que les aliens symbolisent dans les films où ils sont agressifs, ils représentent les peurs contemporaines. Dans Signes ce sont les terroristes, mais en 1982 c’était la peur du SIDA avec The Thing.

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Signes, M Night Shyamalan, 2002

D’ailleurs on retrouve cet aspect organique et la peur des maladies dans un monde surmédicalisé et à l’avancée scientifique frénétique dans les films Alien, La Planète des vampiresL’invasion des profanateurs de sépultures, The Faculty, … Ici les humains sont dépossédés des corps par les envahisseurs, par la ponte ou la perte du contrôle de l’enveloppe humaine au profit de l’alien. On retrouve ainsi le fantasme du clonage, des maladies génétiquement modifiées par l’homme, de l’hypnose ou du cancer. Dans ces films, l’organique est matérialisé par des couleurs franches et opposés comme le vert et le rouge qui ressortent de l’obscurité prononcée.

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La planète des vampires, Mario Bava, 1965

Parmi cette liste sans fin d’extraterrestres agressifs en voulant à nos pauvres corps et à notre chère planète, on trouve heureusement des cinéastes optimistes qui voient ces étrangers stellaires comme des voisins amicaux et offrent une rencontre poétique, drôle ou attendrissante. Ainsi dans le magnifique Rencontres du troisième type, Spielberg livre un rendez vous tout en musique et en lumière sublime entre les humains et les extraterrestres. Le langage de la musique, par ses occurrences mathématiques, devient alors un moyen universel de communication. Dans le tout aussi fabuleux film Premier Contact, les mathématiques sont d’ailleurs la solution pour le partage de savoir avec ces énigmatiques mais pacifiques étrangers à l’espace temps non linéaire. D’ailleurs il est intéressant de noter que les aliens de Premier Contact n’ont pas une apparence accueillante malgré une véritable bienveillance et en cela je vois un vrai changement assez unique. Dans Abyss on retrouve également une poésie tout en image et sans son dans les profondeurs de l’océan où l’apparition se montre tel un rêve. Ces films portent un message d’espoir et veulent traduire un sentiment d’unité dans la passivité d’une telle rencontre. Et non je ne parlerai pas de cette aberration qu’est la fin (pourquoi juste la fin!!??) de Indiana Jones 4 

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Premier Contact, Denis Villeneuve, 2016

Si les deux films cités précédemment sont des rencontres formelles entre deux civilisations, d’autres films mettent en avant l’aide d’un humain ou d’un petit groupe pour un alien qui se cache, comme dans l’hilarant Paul ou le culte E.T. Ces films traitent non pas du caractère sensible de l’ensemble de l’humanité mais au contraire montrent des terriens offensifs contre la pureté d’un petit nombre, de l’enfant au geek anglais en vacances pour le comic con. On retrouve également cet aspect dans District 9 où l’empathie de l’homme vient seulement quand le héros se transforme lui même en alien. Dans ce film les extraterrestres sont parqués en Afrique du sud dans un bidonville crasse, symbole de l’inhumanité de l’homme. L’humain devient alors le méchant face à ce migrant (quand je vous parlais de métaphore de notre société et de nos peurs…) qu’on traite comme un insecte.

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District 9, Neill Blomkamp, 2009

Mais aussi…

  • Le BlobChuck Russell, 1988, remake de Danger Planètaire Irvin S. Yeaworth Jr., 1958
  • La Mutante, Roger Donaldson, 1995
  • Bad Taste, Peter Jackson, 1987 . Premier long métrage de ce cher Peter, à voir absolument si vous supportez le gore!
  • Cloverfield, Matt Reeves, 2008
  • 10 Cloverfield LaneDan Trachtenberg, 2016. Meilleur à mes yeux que le premier opus, brillant dans sa construction car la première heure il se présente en huis clos claustrophobique réaliste pour ensuite devenir un véritable film fantastique.
  • Transformers, Michael Bay, 2007. Je vous conseille de passer outre ce film inutile…
  • Predator, John McTiernan, 1987. Avant tout à mes yeux un film d’action, ce long métrage bourré de testostérone avec Schwarzy est juste un moment inoubliable à voir des dizaines de fois (ou plus encore comme moi…).
  • Cocoon, Ron Howard, 1985
  • Super 8, J.J Abrams, 2011. Magnifique hommage aux années 80
  • 2001: L’Odyssée de l’Espace, Stanley Kubrick, 1968. Surement le plus grand film de Science Fiction…
  • Lilo & StitchDean DeBlois et Chris Sanders, 2002
  • Independance Day, Roland Emmerich, 1996
  • John CarterAndrew Stanton, 2012. Largement sous estimé à mes yeux, surement à cause d’une communication mauvaise du film.
  • Alien Tampon, Jan Zenker, 2015. Franchement une fille qui ramasse un tampon dans un chiotte public et qui le met dans sa techa, en vrai déjà c’est dégueu mais en plus il était dans un fucking liquide vert gluant!!!!
  • Le Dernier pub avant la fin du MondeEdgar Wright, 2013. Dernier segment de la bloody ice cream trilogy, malheureusement le moins bon.
  • Under the Skin, Jonathan Glazer, 2013. Surement un des meilleurs films avec Scarlett Johansson, hypnotique et inoubliable.
  • Pacific Rim, Guillermo Del Toro, 2013.
  • La chose d’un autre mondeChristian Nyby, 1951. The Thing de Carpenter sorti en 1982 en est le remake 😉

… Et tellement d’autres …

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10 Cloverfield Lane, Dan Trachtenberg, 2016

Encore une fois si vous souhaitez partager d’autres films n’hésitez pas, j’ai parlé seulement de ceux que j’ai vu alors en découvrir de nouveaux ça me botte 😉