Merci à Sinbad le Légendaire du blog Daily Moogle pour avoir trouvé le titre de l’article.
Dans l’imaginaire collectif, le/la blond/e représente le désir, la créature rare inaccessible. Eli Semoun l’illustre bien dans son sketch « recherche blonde à forte poitrine ». Et on sait que le Cinéma aime jouer des clichés. D’ailleurs, cette image n’a-t-elle pas été véhiculée par le Cinéma lui même? Beaucoup des acteurs représentants la sensualité sont la plupart blonds, de Marilyn Monroe à Scarlett Johansson ou Amber Heard. Mais sensualité et glamour ne sont pas les seuls caractéristiques du blond au Cinéma. Analyse capillaire du Cinéma d’hier et aujourd’hui.

J’ai un jour lu dans un article il y a plusieurs années d’un magazine cinéma (je ne sais plus de quel journaliste ni de quel magazine, quel manque de professionnalisme éhonté!), un édito qui m’a profondément marqué. Le journaliste parlait d’une conférence de presse du film Rush de Ron Howard, avec Daniel Brühl et Chris Hemsworth. Les journalistes avaient d’abord posé des questions à Daniel Brühl, puis est arrivé Chris Hemsworth et les journalistes se sont montrés survoltés, ils se sont tous levés et ont crié alors même que les interviews s’étaient déroulées dans le calme. Le dit journaliste de l’édito disait avoir alors compris ce jour là le fanatisme qu’a eut la presse pour Robert Redford d’abord, Brad Pitt ensuite et aujourd’hui Chris Hemsworth: le mec blond fascine et représente une créature fantasmée et rêvée. Pourtant objectivement, Daniel Brühl a un jeu plus complexe et une filmographie plus passionnante que son collègue. Je l’avais découvert au lycée, à la projection du magnifique Goodbye Lenin, et depuis je suis sa filmographie. Et même si c’est un acteur séduisant, il n’inspire pas la même folie aux foules que Chris Hemsworth, qui n’a pourtant pas la filmographie la plus passionnante en dehors de son personnage de Thor et passé sa collaboration avec Michael Mann dans Hacker.

Le blond est presque un représentant du Cinéma. Il n’y a qu’à voir les couvertures de magazines où ils pullulent alors même que la blondeur naturelle est une chose rare. On parle d’ailleurs bien de blonde hitchcockienne comme un symbole du 7eme art. Le cinéaste était fasciné par ces beautés, un peu trop d’ailleurs aux vues des témoignages de Grace Kelly et Tippi Hedren dépeignant le cinéaste comme un homme intrusif où le terme harcèlement sexuel est totalement de mise. Dans ses films, Alfred Hitchcock a dirigé Ingrid Bergman, Joan Fontaine, Grace Kelly, Kim Novak, Tippi Hedren, Janet Leigh, … Ces femmes, toutes blondes, sont des créatures froides et classieuses, belles à tomber, souvent manipulatrices, toujours indomptables et fortes. On est alors très loin de la bimbo platine et futile. Si le réalisateur avait tourné à notre époque, il aurait très certainement collaboré avec Nicole Kidman et Naomi Watts. Marilyn Monroe avait émis le souhait de tourner pour Hitchcock, qui avait répondu qu’il ne voulait pas tourner avec une actrice qui avait marqué p*te sur son front. Classe…

En parlant de Naomi Watts, elle représente toute cette symbolique dans l’incroyable Mulholland Drive de David Lynch, où elle incarne Betty, une actrice en devenir (début de la métaphore) qui prend sous son aile une jeune femme brune et amnésique, qui décide de se nommer Rita en voyant une affiche du film Gilda (métaphore filée). Rita en vient même à porter au cours du film une perruque blonde (métaphore on t’a vu!). Lynch pousse ainsi la symbolique où l’Actrice représente la blonde pure et virginale. Quand Rita enlève d’ailleurs sa perruque dans le film, elle devient une actrice brune, perfide et talentueuse. La blondeur symbolise alors pureté, douceur et sensualité.

Le cinéma aime jouer avec les codes, et les blonds sont des créatures plus complexes que ce que les clichés peuvent mettre en avant. Le Cinéma change d’ailleurs peu à peu les codes en créant des personnages différents comme la blonde d’action dans Atomic Blonde. La blonde peut être manipulatrice, douce, pulpeuse, froide,… Elle a autant de visages qu’on peut en concevoir tant qu’elle reste belle et inaccessible. Le blond lui incarne le fantasme d’un homme intouchable et mythifié, symbole de force et de grandeur. Hommes comme femmes sont alors des objets du star system largement mis en avant contrairement aux autres acteurs, alors même que les vrais blonds sont en stricts minorités dans nos rues.

J’ai eu peur que ça parte en sketch à la Gad Elmaleh ! 😜
Plus sérieusement, je ne m’étais jamais trop posé la question plus loin que l’image « classique » de la blondeur au cinéma, j’avoue c’est pas pro de faire ça ! Haha. Mais ça m’a fait penser par exemple que j’adore Kirsten Dunst et que je la décris souvent comme une beauté froide, que je l’apprécie pour ce qu’elle met d’intense avec son charisme dans certains rôles. Pour les hommes en revanches je n’ai pas vraiment de coup de coeur sur des blonds … à part peut être Ryan Gosling ? Ça fait bizarre de penser en couleur de cheveux en faite. Et au passage merci pour ton avis sur Mulholland Drive qui vient s’ajouter au multiples interprétations …. film tellement perturbant quand on se torture les méninges pour le comprendre complètement !
Super article et ravie de te voir apparaître par surprise dans mon fil d’actualité blog !
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Et les fausses blondes ça compte ? 🙂
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Disant que les clichés de la blonde, arrogante, manipulatrice et sensuelle font vendre ! Le cinéma en profite pour se remplir les poches ! Par contre le blond, je ne pense pas qu’il est vendeur. Aujourd’hui, les filles courent après les Bad boys tatoués, bruns et ténébreux . qu’importe leurs talents du moment qu’ils soient le plus salaud possible ! 😂
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Article fort intéressant en effet cette couleur capillaire a depuis tout temps fasciné !
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Article intéressant, je me demande même si ce n’est pas à cause du cinéma américain qu’on assimile parfois les blondes à des femmes un peu stupides. Il faut dire que parfois leur rôle était assez limité, je me souviens encore de Jessica Lange dans King Kong. Souvent à cette époque, les scénaristes ne prenaient pas la peine de donner aux personnages féminins une personnalité aussi mais les blondes étaient surtout un standard beauté en quelque sorte.
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Passionnant article !
C’est incroyable en effet cette fascination qu’exercent les cheveux jaunes sur le commun des mortel(le)s ! Authentique ou falsifié au décolorant (parfois jusqu’à la peroxydation car avant Marylin, Jean Harlow affolait déjà les sens du mâle), qu’il soit masculin ou féminin, le blond aryen a le vent en poupe, jusque dans mes goûts musicaux (« Blonde on Blonde » est sans doute mon Dylan préféré). Après Roger Moore et Daniel Craig, à quand le nouvel épisode de James Blond ?
🙂
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Pour ce qui est de James Bond, je suis pour un Idris Elba ou un Tom Hardy, qui pour le coup n’ont rien de gaillards peroxydés ^^ !
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Laisse moi te dire que cette dernière photo de Charlie Hunnam m’a tué, il est tellement canon là-dessus…Mais revenons aux blonds, en règle générale, ce ne sont pas mes acteurs préférés, je suis d’ailleurs bien plus attirée par les bruns, que je trouve souvent plus profonds et ténébreux ! Mais l’une de mes actrices préférées étant Charlize Theron, elle est pour moi l’exemple type de la blonde sexy et pourtant extrêmement talentueuse…
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Sexy n’enlève pas le talent évidemment, mais ça aide à Hollywood 😉 ! Pour Hunnam je n’ai pas choisi cette photo par hasard, on est d’accord…
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Un article très intéressant!
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Héhéhéhé, l’idée sonne bien!
Bon article qui aborde la « blondeur », il paraît qu’avant Marilyn Monroe, c’était les Brunes qui étaient les « préférées » capillairement!
On a aussi les animes qui rendaient souvent leurs héros blonds aux yeux bleus (DBZ) durant une époque!
Est-ce par jalousie que l’idée de la blonde « un peu niaise » a alors vu le jour? Nous ne le saurons jamais!
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Ton article fait partiellement écho à une expo de la cinémathèque (la seule qu’il m’ait été possible jusqu’à présent de voir) et dont il reste aujourd’hui une trace virtuelle : http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/bruneblonde/page.php?id=1
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J’avais déjà vu le livre de l’expo, surement pour ça que j’ai du choisir cette photo de couverture. Je ne l’ai malheureusement pas vu, mais un jour je lirai le livre. Merci pour l’info 😉
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Ah ! et bonne année 😉
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Bonne année à toi aussi camarade cinéphile!
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Excellente analyse!
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