Ce n’est pas tant pour se rassasier de potins que j’ai eu envie de faire cet article, c’est que je souhaitais faire le point sur ma propre réflexion. Après avoir écrit mon texte, je ne me suis pas sentie légitime à le publier. J’ai ensuite vite compris que c’est parce que je devais être accompagnée de plusieurs réflexions et avis. C’est là que j’ai proposé à June de June and cie et Gilles de Au ciné ce soir, deux blogueurs qui ont bien des choses à dire sur le sujet.
Je vous laisse ainsi entre leurs mains expertes, et je reviens vers vous en fin d’article, car moi aussi j’ai des choses tranchantes à dire…
June de June and cie
Faut-il séparer l’homme de l’artiste ?
Non, ce n’est pas la question du bac de philo de l’année prochaine ou le titre d’un essai de la même matière. C’est le sujet de réflexion (épineux !) que Marion, cinéphile émérite du blog 28 films plus tard, a choisi de poser, pour marquer la rentrée, à un panel de blogueurs cinéphages dont je fais (malheureusement ?) partie.
C’est ça d’avoir des copinautes formidables…
Faites péter les porte-plumes, aiguisez les crayons, échauffez le poignet et faites chauffer la feuille blanche et les neurones. Vous avez 4h.
La part du Soi : émotion et projection
Le cinéma a ceci de particulier qu’il nous convie à l’émotion de façon réelle. Je veux dire par là qu’elle n’est pas provoquée en nous par une couleur, un mouvement, un enchaînement de note, elle est directement présente à l’écran et nous la prenons littéralement en pleine figure.
De fait, lorsqu’un acteur ou un réalisateur éveille en nous par sa performance des émotions positives, nous avons tendance à transposer sur lui dans le réel ce que le film nous a évoqué. Comme une forme de catharsis. Nous avons tendance à oublier que l’acteur n’est pas le personnage et le réalisateur n’est pas son œuvre.
Ce qui n’est pas totalement illogique car dans toute création artistique on investit une part de soi directe ou indirecte pour donner une vérité à l’émotion. L’acteur n’est pas son personnage, mais pour lui donner vie il va faire appel à des souvenirs, à une expérience de vie. Le réalisateur va projeter dans le film ce que, par exemple, la lecture de l’œuvre adaptée a suscité chez lui, en donnant ainsi une vision personnelle.
De ce fait, l’association que nous faisons inconsciemment entre l’homme et l’artiste peut paraître logique. Cependant, l’homme est excessif par nature et dans la projection que nous faisons, nous avons tendance à exiger que l’acteur, le réalisateur, le scénariste même soit conforme à l’image que nous nous en sommes fait à travers son œuvre. Ainsi, alors même que nous ne connaissons pas la personne dans le réel, nous nous sentons trahis si son comportement dévie, trahit une morale, une éthique que nous lui avions collé. Une image nous avions projeté sur lui à travers ses œuvres/films/interprétations, oubliant que nous ne connaissons pas l’homme derrière l’artiste.
Dès lors, une distance se créée par rapport à l’œuvre que l’on perçoit comme malhonnête. On la condamne avec son créateur. Mais l’homme et l’artiste sont-ils à ce moment-là pareillement condamnables ? Concrètement doit-on arrêter de regarder Cyrano de Bergerac parce-que Depardieu a des amitiés peu appréciables ou des comportements déplacés ? Doit-on brûler toute la filmographie de Polanski à cause de ses démêlés avec la justice ?

La part de Dieu, la part du Diable
Épidermiquement, j’ai du mal à dissocier l’homme et l’artiste pour une raison somme toute assez simple : l’artiste en tant que personnage publique confère à l’homme (personnage privé) par contumace une forme de responsabilité morale.
La contrepartie de l’image publique qui alimente son business fait que, dans l’inconscient collectif, il lui incombe une sorte de devoir de respectabilité. Ainsi quand l’homme tombe, fatalement son œuvre s’en trouve éclaboussée. L’homme et l’artiste se trouvent liés.
C’est injuste et logique à la fois. C’est une dichotomie comme dirait Perceval.
Seulement prenons les choses différemment si vous le voulez bien. Et je vais ici me faire l’avocat du Diable. Imaginez un instant qu’on pousse le raisonnement jusqu’au bout et qu’on enlève toutes les œuvres de Gauguin à cause de son comportement douteux à Tahiti. Qu’on brûle toute l’œuvre de Céline à cause de l’homme particulièrement puant. Imaginez tout simplement qu’un jour, on frappe à votre ravissante maison art déco pour vous demander de déménager, car on a découvert que l’architecte était un infâme serial killer et qu’on va la démolir. Vous trouveriez cela absurde ? Avec raison.
Pourtant toute la problématique d’associer l’homme et l’artiste se trouve là. C’est un nœud gordien que l’on se doit de trancher. Notre morale et notre cœur nous poussent à les confondre, mais notre raison perçoit la limite du raisonnement.
Loin de moi l’idée de justifier certains comportements répugnants qui ont entaché le cinéma ces dernières années, ni d’invoquer une forme d’immunité artistique. Les hommes méritent d’être punis, à la hauteur de leurs crimes. Pas les œuvres. A moins bien évidemment qu’elles ne soient des incitations directes à des comportements amoraux. Mais, pour le dire ainsi et pardonnez-moi la métaphore, faut brûler la part de Dieu (le sublime de l’art), quand le Diable s’est manifesté ?
Je le dis, invoquant la froide raison comme Sherlock Holmes, et pourtant… Pourtant j’ai du mal à pardonner à Clint Eastwood son comportement durant la campagne d’Obama. Moi qui aimait tant le réalisateur et l’acteur, perçoit un divorce en moi face à l’homme. Est-ce que cela change ses qualités artistiques ? Absolument pas. Est-ce que cela change mon regard sur son œuvre ? Oui. Fondamentalement. Je me questionne sur sa part de sincérité. D’honnêteté. Tout en sachant que mon raisonnement est biaisé.

De la même façon, voir le nom d’Havey Weinstein en tant que producteur délégué de Will Hunting (et de bien d’autres films) me blesse, comme si sa souillure entachait ces œuvres auxquelles il a apporté son soutien, sa contribution financière et/ou matérielle. Cela remet-il en cause la qualité de ces œuvres ? Certes, non. Au même titre que les accusations qui planent sur Woody Allen ne remettent pas en cause la qualité de ses films.
C’est sur ce point précis qu’il nous appartient d’opérer la rupture entre l’homme et l’artiste. De nous dissocier de l’émotionnel, de l’image que nous projetons sur l’homme et l’artiste confondus pour les séparer et laisser à César ce qu’il lui appartient. Quand bien même César aimerait passer sa vie au lupanar et qu’il finit derrière les barreaux.
Gilles de Au ciné ce soir
L’artiste vs. l’homme ? (suite)
Il y a quelques jours, avant que j’aille crapahuter sur la chaîne des Puys en Auvergne, Marion, la tenancière du blog 28 films plus tard, m’a contacté pour contribuer à un article participatif. Le sujet – selon ses propres dires – était polémique, pour ne pas dire sensible d’autant qu’il divise. Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? C’est la question épineuse que m’a posé Marion et pour être honnête, je n’ai pas une réponse toute faite, même si je m’étais posé la question à propos d’Alain Delon, lors du dernier Festival de Cannes. Depuis quelques années, en effet, nombre de cinéastes et d’artistes voient leur réputation ternie suite à des affaires de mœurs et autres scandales, sans oublier des prises de positions tendancieuses. Si, cela n’est pas nouveau en soi, ce qui change c’est l’ampleur et les conséquences. Dans le cadre de l’affaire Weinstein et ses suites – notamment #MeToo –, rare sont les histoires qui restent sous silence et qui n’en finissent pas d’éclabousser tel ou tel, au point de devenir persona sin grata.
Woody Allen en a fait les frais. Le réalisateur new-yorkais n’est plus en odeur de sainteté depuis les (nouvelles) accusations d’agressions sexuelles sur sa fille adoptive, Dylan Farrow. Le cinéaste de Minuit à Paris, Blue Jasmine, L’homme irrationnel ou bien encore Wonder Wheel a vu, purement et simplement, son dernier film Un jour de pluie à New York interdit de projection aux Etats-Unis.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, certains acteurs tel Colin Firth, Owen Wilson, Marion Cottillard, Timothée Chamalet, ou bien encore Natalie Portman, ont déclaré ne plus vouloir, à l’avenir, participer à quelconque projet cinématographique avec lui.
Je ne vais pas vous mentir, je suis un fan de Woody Allen, disons que j’apprécie beaucoup son cinéma et son côté à la fois classe mais aussi ironique. Il y a toujours quelque chose de particulier, ce qui fait que lorsque le réalisateur américain sort chaque année, un nouveau long-métrage, ben j’y cours. Ce qui ne veut pas dire que j’oublie ou minimise la gravité des accusations à son encontre.
Depuis l’éclatement de l’affaire Weinstein et #MeToo, la parole se libère et on pose les questions qui fâchent, ce qui ne peut être que salvateur. Toutefois, certains semblent confondre l’homme (ou la femme) mis en cause avec l’artiste et son travail, au risque de tout brûler et de tout renier, au-delà même des scandales de mœurs. Après tout, tout le monde (ou presque) s’accorde pour louer la carrière d’une certaine Brigitte Bardot, de son aura et (même) son apport au cinéma français (mais pas seulement), ce qui n’empêche pas de prendre ses distances avec elle, lorsqu’elle exprime ses opinions politiques très tranchées. Même son de cloche pour Charlton Heston, que je trouve génial et impressionnant dans Ben-Hur mais que j’ai trouvé pathétique dans Bowling for Columbine en raison de son soutien sans faille à la National Rifle Association (NRA), le très puissant lobby des armes américain ?

Si l’homme ou la femme mis en cause peut-être condamnable (encore faut-il respecter la
présomption d’innocence), condamner l’artiste est d’une facilité débordante, comme si du jour au lendemain, cette personne ne méritait plus d’exister, n’avait aucune légitimité, comme si son travail n’était plus reconnu par ses pairs et comme si, surtout, on se reniait subitement. Après tout, on continue bien à lire Louis-Ferdinand Céline, à écouter Michael Jackson et même dire du bien d’Yves Montand !
Marion de 28 Films Plus Tard (oui c’est moi me revoilà)
R.Kelly, Woody Allen, Louis Ferdinand Céline, Michael Jackson, Charlie Sheen, Jean-Claude Brisseau, Alfred Hitchcock, Bill Cosby, David Hamilton, Roman Polanski,… La liste est malheureusement longue. Ces hommes sont des artistes internationalement reconnus et sont tous au cœur de polémiques; violences conjugales, agressions sexuelles, antisémitisme et autres joyeusetés tout aussi putrides. Ainsi la question Faut il séparer l’homme de l’artiste est un débat qui ressort à chaque scandale, c’est à dire à peu près toutes les semaines.

Blanche Gardin lors de son passage aux Molières a dit : « Parce qu’il faut savoir distinguer l’homme de l’artiste… Et c’est bizarre, d’ailleurs, que cette indulgence s’applique seulement aux artistes… Parce qu’on ne dit pas, par exemple, d’un boulanger : ‘Oui, d’accord, c’est vrai, il viole un peu des gosses dans le fournil, mais bon, il fait une baguette extraordinaire.’ » . C’est ce que je ressens quand j’entends parler de distinction entre l’homme et l’oeuvre, même s’il faut y mettre plus de nuances. Car si l’oeuvre peut être reconnue et aimée, il est important de rappeler que ces œuvres n’auraient pas eu lieu d’exister si leur créateur avait été à leur juste place, c’est à dire enfermé dans une boite. Et cet argent gagné par l’entreprise de ce labeur a une odeur sucrée mais un arrière gout de merde en bouche.
Quand je vois un film de Woody Allen, tout ce qui parait à mes yeux est une morale abject. Je ne regarde plus l’oeuvre mais l’homme, dans toute son écœurante monstruosité. Car ses actes en tant qu’homme transparaissent dans ses films, et c’est là que le bas blesse. On ne lis pas les pamphlets antisémites de Louis Ferdinand Céline, on lit Voyage au bout de la nuit qui est un magnifique rendu social de l’époque de l’écrivain. Quand je vois une photographie de Hamilton, c’est toute l’horrible réalité qui transparaît. Mais quand je regarde The Artist, Fahrenheit 9/11 ou Pulp Fiction, je pense que (attention très très mauvais jeu de mots en approche, impact imminent… 3 …. 2 … 1 … ) Harvey Weinstein avait beaucoup de couilles (voilà…) pour porter ces projets, je ne vois pas toutes les carrières qu’il a détruite pour un « non », ni le pire…
Ce que je tente maladroitement de dire, c’est qu’à mes yeux, l’oeuvre de ces hommes mérite d’être aimée, étudiée, accrochez en des posters aux murs si ça vous chante! Mais à mes yeux leurs œuvres ne leur appartiennent plus, elle est la propriété du public, et si au travers d’elles l’abomination est perçue, alors l’oeuvre peut être répudiée. L’homme en tout cas l’est pour moi quoi qu’il en soit.
Merci de nous avoir proposé ce sujet, certes épineux, mais ô combien vaste et intéressant. A lire le résultat final je le trouve encore plus passionnant car on a réussi à compléter (sans concertation) en apportant chacun une pierre différente à l’édifice. J’ai vraiment apprécié de lire vos textes et de m’y retrouver aussi. Bravo !
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À refaire, mais sur un sujet plus cool et jovial =P
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Havey Weinstein n’est pas un artiste, c’est juste un sale type qui a du fric…
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Je parle bien d’homme et d’œuvre. Oui c’est un sale type, un vrai porc, mais la question se pose pour lui aussi de par sa contribution au cinéma mondial. Et je dis bien mondial car la mojorité des films anglais, français et allemands vus aux usa ces 20 dernières années c’est grâce à lui.
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Pour moi il n’a contribué à rien du tout, il a juste profité de sa position, car il n’a pas fait ça pour l’art, mais pour que cela lui rapporte encore plus de fric. Si il n’était pas là un autre aurait investit dans ces films et peut-être même dans d’autres. Si il ne travaille plus dans le cinéma un autre va le faire et il investira peut-être dans de bien plus grande œuvre, car la nature a horreur du vide…
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Quand on regarde les films qu’il a produit, je ne vois clairement pas que l’argent, surtout quand il était producteur exécutif. Après oui c’est clair c’est un bâtard qui a abusé de sa position, mais je pense qu’il ne faut pas tout mélanger non plus…
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Je ne mélange pas tout, mais pour répondre à la faut-il séparer l’homme de l’œuvre… Oui.
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Merci à vous trois pour ce très bon article, sur un sujet ô combien sensible. J’ai récemment eu ce distinguo à faire pour Marion Zimmer Bradley, autrice talentueuse dont je proposais une adaptation de l’œuvre en jdr, pour finalement apprendre qu’elle avait été condamnée pour des choses impossibles à tolérer. Idem pour le chanteur d’un groupe que j’adore, condamné pour pédophilie sur des nourrissons… Dans les deux cas, malgré le talent, c’est trop pour savourer l’œuvre comme si de rien n’était. Et en effet, votre article soulève la question de la partialité. Pourquoi les bannir de ma sphère culturelle, eux, et pas d’autres? Compliqué.
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Personnellement après certaines révélations je n’arrive plus à profiter de leurs œuvres. C’est facile quand on n’aime pas l’artiste à la base mais quand on l’adore, c’est d’autant plus ardu, et j’éprouve même une certaine honte à aimer un réalisateur comme Hitchcock par exemple
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C’est intéressant ce que tu dis à propos de MZ Bradley, une autrice que j’ai toujours beaucoup aimée. J’avais eu la même réaction que toi. Et je me suis pas mal renseignée. En fait, c’est son mari, auteur aussi qui a été condamné pour actes de pédophilie (et quand tu lis ce qui s’est passé, c’est vraiment horrible). Le fait que MZB ait été au courant ne peut pas être contredit – elle l’était, au courant (elle a été entendue mais jamais condamnée, tout est en ligne ).
Je pense que la famille était carrément dysfonctionnelle. D’ailleurs, les propos tenus par celle qui accuse MZB, sa plus jeune fille Moira Greyland, des années après son décès sont plutôt étranges (en gros, elle pointe du doigt la bisexualité de sa mère, disant que les parents homos sont « forcément des prédateurs sexuels » ! ça fait mal de lire ça). C’est très complexe, cette histoire…
Donc, je lis toujours MZB, j’apprécie l’autrice et le laisse de côté la femme.
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Ouch! Ah oui là c’est toute la famille qui est détraquée, la fille aussi semble-t-il.
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Merci pour ces informations.
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Je re-répond en te re-remerciant, LadyButterfly. L’affaire est en effet complexe, tu fais bien de souligner cela. Du coup, je ne sais toujours pas comment me positionner lorsqu’il me faut présenter à d’autres l’œuvre… Merci cependant à Marion et à toi pour cette réflexion!
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Très très intéressante chronique, sur des réflexions auxquelles je pense nous nous sommes tous adonnés à un moment ou un autre.
Pour ma part, je suis pour la condamnation des hommes (Enfin, s’ils sont coupables, parce que je rappelle aussi que certains sont accusés à tort), mais pas pour la répudiation de leurs oeuvres. Qu’on les empêche d’en faire d’autres APRÈS, d’accord, mais ce n’est pas une raison pour se débarrasser de tout ce qui a été fait AVANT. Les crimes de Kevin Spacey, par exemple, ne l’empêchent pas d’avoir été un excellent acteur, et Usual Suspects et American Beauty n’en sont pas moins des grands films à cause de ça. Après tout, on n’a pas arrêté de regarder le King Kong de 1933 ou La Naissance d’une Nation de Griffith alors que ces films sont respectivement incroyablement sexiste et raciste, non ?
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C’est une question qui mérite clairement débat. Je pense que c’est aussi un autre temps pour ce qui est naissance d’une nation, et perso c’est une œuvre que je réprouve.
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C’est évident qu’il y a débat ; je ne faisais qu’exprimer mon opinion personnelle par rapport à ce dernier, sans prétention d’universalité ^^
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Quand je disais qu’il y avait débat, c’était une façon pour moi de dire que je suis d’accord et que le sujet est long à débattre ^^ ! On s’était pas bien compris
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C’est un sujet épineux et fort interessant, je pense qu’il faut dissocier l’homme de l’artiste, mais surtout l’oeuvre de l’artiste même si c’est beaucoup plus compliquer à faire qu’à dire, puisque l’oeuvre est le produit de l’artiste donc de l’homme. Tout est lié et entremêlé comme l’acteur et ses personnages, ce ne sont pas lui, il n’est pas eux mais tout de même un peu. C’est un cas d’école et c’est passionnant !
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C’est d’autant plus criant chez certains cinéastes… Chez Allen par exemple on retrouve beaucoup de lui dans les personnages, alors que Hitchcock on retrouve des obsessions qui ne trahissent pas ou peu ses horreurs…
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C’est tout à fait ça ! Chaque artiste à sa propre façon de se mettre en scène ou pas d’ailleurs… C’est ce qui rend le sujet aussi ambiguë.
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Je pense comme toi, dans la mesure où il faut dissocier l’oeuvre de l’artiste du même artiste. Par contre, dans le strict cadre de l’analyse d’une oeuvre, dissocier l’homme de l’artiste occulterait certainement plusieurs niveaux de lecture. L’artiste influence probablement l’homme, et vice-versa !
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Je suis tout à fait d’accord et c’est ce qui rend le sujet encore plus délicat, car l’oeuvre est qu’on le veuille ou non la vision d’un artiste, d’une personne, associé à un contexte socio-culturel et politique.
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C’est merveilleusemenet analysé et écrit. J’aime beaucoup et j’adhère, par contre j’ajouterais une distinction à la dichotomie, une trichotomie d’ailleurs : il y a le visionnage, la culture cinématographique et la culture people.
Je suis cinéphile et j’en tire une certaine culture – du moins supérieure à celle de mes parents en proportion –, par contre je ne m’intéresse pas du tout à l’actualité. Je m’intéresse plus facilement au background ancien d’un artiste – figé dans l’Histoire et à l’abri du scandale – qu’aux breaking news qui viennent subrepticement changer notre avis sur les œuvres.
En ça, je suis tout à fait d’accord avec tes amis pour dire qu’il faut dissocier l’Homme de l’œuvre, et je vais même plus loin : ne pas le faire, c’est se laisser polluer. Mais bon, ils disent être maladroits, alors que quant à moi je ponds ça sans trop y réfléchir ; il ne serait que justice de me contredire, car je crois que j’ai beaucoup à apprendre de vous trois. =-)
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Je pense que même sans s’intéresser aux potins, dans notre monde actuel avec les réseaux sociaux, ils viennent à nous. Et après me too et ce que la plupart des femmes vivent, il est urgent de ne pas y voir des potins mais un scandale du quotidien. Je suis une fille quelconque et pourtant, dans le train, à mon travail et dans la rue, le harcèlement est une réalité, la mienne. Alors je me sens aussi concernée par ces hommes qui pensent que l’argent et le pouvoir empêchent les limites du respectable…
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Excellent travail à tous les trois ! C’est si passionnant que limite j’aurais bien voulu un peu plus de rab de vos plumes et de vos réflexions. Je vais partager ça fissa.
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Quand j’ai vu le texte de June je me suis dit « mazette, mon texte est vraiment court ^^ »
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Un sujet intéressant, traité d’une manière plus fine que ce qu’on a l’habitude de lire ici et là.
Je me retrouve beaucoup dans l’avis de Marion. Cette ambiguïté à aimer une œuvre et répudier son auteur : pour ma part, Rosemary’s Baby de Polanski par exemple. Ou Léon de Luc Besson.
C’est trop facile de dire qu’il faut dissocier les deux, d’ailleurs Blanche Gardin le dit très justement avec l’analogie au boulanger. Néanmoins les œuvres ont vécu, et elles continuent de vivre grâce au public, quand bien même leurs auteurs sont d’horribles personnes.
Je ne m’empêche pas d’aimer un film créé par ce genre de personne, sauf si le sujet ou la manière de le traiter renvoie à la mauvaise image qu’on a du réalisateur (Léon est plus difficile à regarder de nos jours par exemple), ce qui peut provoquer un certain malaise.
Cela dit, si je dois choisir entre deux films au ciné, j’irai pas voir celui du réalisateur qui m’écœure, quand bien même j’aurais aimé ses œuvres précédentes… (comme Woody Allen en ce moment)
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C’est ça, je me refuse à aller voir au ciné, et donc donner de l’argent, à certains artistes dont les propos où les actes me sont détestables.
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Je constate que les plumes sont allées bon train, se sont déchaînées dans un tumulte qui, sur un sujet sensible et houleux, semble étrangement faire consensus. Toutes parlent d’ elles-mêmes, s’insurgent et s’interrogent selon une position morale qui s’accorde avec celle qui prévaut aujourd’hui, qui fait loi oserais-je dire ?
Car, médias et réseaux sociaux aidant, l’ordre moral gouverné par l’opinion (dite loi du Buzz qui n’a pas toujours l’éclair du génie) prend de plus en plus le pas sur l’ordre légal qui se charge de sanctionner voire punir de manière la plus dépassionnée qui soit ceux qui auront enfreint ses règles. Des règles qui fondent nos sociétés et qui s’appuient sur des valeurs dans lesquelles nous sommes censés nous accomplir et nous retrouver.
On n’empêchera jamais l’homme de condamner par passion avant même que la justice passe. On reproche en effet bien des faits détestables à certains de ceux qui ont été cités plus haut. C’est humain, la justice donnera raison, ou pas. Mais doit on laisser cette loi sage et impartiale se laisser confisquer ses prérogatives par des courants d’opinion (autrefois on aurait parlé de Ligue de Moralité, dont les anathèmes eurent tôt fait d’envoyer tout fornicateur et soulographe brûler chez Lucifer !)
Je crois que toute œuvre doit être jugée pour elle-même et pour ce qu’elle nous apporte, pour ce qu’elle porte à l’art en général, pour ce qu’elle nous dit de son temps. La damnation de l’artiste (ce qui suppose qu’aucune rédemption ne sera jamais admissible) reste de l’ordre de l’affect personnel, un jugement de droit divin que l’homme bien souvent, par nature, s’accorde le privilège de prononcer. Selon moi, il n’a d’importance qu’à nos yeux propres. Je me réserve le droit de bannir de mon paysage cinephilique les films de Xavier Dolan sous prétexte que ses films m’énervent, m’apparaissent pretentieux, sans pour autant attendre que ce brave Xav soit accusé d’avoir tué sa belle-mère ou violé son petit frère. Tout comme je ne m’interdit nullement de m’extasier devant un film d’Einstein qui oeuvra à la gloire d’un régime qui envoya des millions de gens à la mort, ou devant une statue ou une église signée Michel Ange et dévouée à la toute puissance d’une foi au nom de laquelle bien des massacres furent perpétrés. J’ai conscience de n’être (peut être) pas dans la ligne générale (n’est ce pas Sergei ? ), mais puisqu’il faut faire débat, allons y gaiement. Heureusement pour moi, Hitler ne peignait que des croûtes. 😉
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J’aurais tellement aimée que tu participes aussi, c’est dommage qu’on se soit loupé…. Merci beaucoup pour.ce commentaire. Et enfin, il est bien heureux que Hitler fut un piètre artiste
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La dessus il n’y a pas débat pour le coup.
Finalement, j’aurai pu apporter ma contribution quand même. 😉
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Question très difficile et je suis plutôt de ton avis Marion même si je peux comprendre ceux de June et Gilles. En fait, c’est très personnel, chacun a un avis plus ou moins tranché et il peut y avoir de bons arguments de chaque côté.
Pour moi, il y a un avant et un après ma découverte des faits reprochés à ces hommes. Je n’ai pas arrêté d’aimer un film comme Usual Suspects ou les albums de Michael Jackson ou Noir Désir. Que je le veuille ou non, ils font partie de moi. Par contre maintenant, je vais forcément moins les voir/écouter car j’aurais toujours dans un coin de ma tête les hommes et ce qu’ils ont fait. Peu importe les qualités de leurs œuvres et l’amour que j’ai pour elles. Je ne peux pas les dissocier.
De la même manière et c’est le plus important pour moi, dès lors que je découvre ce qu’ils ont fait, c’est fini, je ne peux plus m’intéresser à leurs nouvelles œuvres ou aux anciennes que je ne connais pas. C’est impossible et c’est surtout vrai pour les réalisateurs, Allen et Polanski en particulier, car je ne veux/peux plus les voir me parler d’amour ou de leurs obsessions en sachant qu’ils ont violé. Comme tu le dis, j’y perçois maintenant l’abomination, un reflet de ce qu’ils sont et en plus dans leur cas, l’impunité. Je ne verrai donc jamais l’intégralité de leurs filmos dont je n’ai quasiment rien vu jusqu’à présent. Tant pis si les sujets pouvaient me plaire, si j’aime le casting ou si ce sont des classiques. Tant pis pour ma culture.
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La culture est vaste et il y a d’autres réalisateurs à découvrir. J’ai arrêté depuis longtemps Allen, et pour Polanski c’est d’autant plus compliqué que j’adore trois de ses films. Par contre Michael Jackson je n’y arrive plus.
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Bonjour, quelques commentaires pour donner mon point de vue sur ce sujet polémique :
Sur la forme : il faut séparer Woody Allen des autres. Allen a été innocenté par la justice américaine lors d’une procédure de divorce très conflictuelle où Mia Farrow a instrumentalisé sa très jeune fille adoptive aujourd’hui perturbée psychologiquement. Les rapports d’expert ont montré que toute la famille était totalement dysfonctionnelle, Mia Farrow la première, mais ont innoncenté Allen. Quant aux autres artistes cités (j’exclus Weinstein qui n’est nullement un artiste juste un businessman sans scrupule), qui n’ont absolument pas été innocentés lors de procédures judiciaires, les faits et/ou les accusations sont autrement plus probants.
Sur le fond : oui, il faut séparer l’homme de l’artiste et juger l’oeuvre d’art pour ce qu’elle est. Le talent et la morale sont deux choses différentes et ne sont pas corrélées. On peut prétendre juger l’homme en parallèle, mais alors on ne juge plus l’oeuvre elle-même, et surtout il faut bien voir une chose : quand on juge une oeuvre, on la juge sur pièce et on a donc légitimité pour le faire. Quand on juge en revanche un artiste en raison d’accusations sur sa vie privée en revanche, on juge sur des « on-dits », des rumeurs, des simplifications de journalistes. Or, ce n’est pas à un tribunal médiatique de juger un homme dans une démocratie, mais à la justice en tant que troisième pouvoir. Car c’est elle qui connait le fond des dossiers.
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