Trois articles de la rubrique « Un réalisateur, trois films » et déjà les deux grands maîtres de l’horreur cités. Car si mon cœur balance vers John Carpenter grâce à The Thing, Wes Craven supporte facilement la comparaison. Les monstres ça le connait, il a même crée nombre de ceux figurants au panthéon de l’horreur. Le papa de Freddy et Ghostface peut être fier de son engeance. C’est donc avec un grand plaisir que je me suis replongée dans la filmographie du monsieur. Sachant déjà quels films j’allais présenter pour cette chronique, j’ai tout de même eu envie d’arpenter une partie du reste de sa filmo, en passant par Un vampire à Brooklyn et My Soul to Take. Et ce qui m’a frappé, c’est qu’en revisionnant donc 5 films du réalisateur, tous rentraient dans les thèmes que j’allais aborder. D’habitude, il m’est difficile de trouver plus de trois thèmes communs aux trois films traditionnels de cette chronique, alors que pour le père Craven, il m’est difficile de me stopper, tellement tous ses films mettent en avant des obsessions communes présentent non pas dans quelques œuvres, mais toute une filmographie. Voici donc le difficile choix des trois films choisis pour le traditionnel « Un réalisateur, trois films ».



Attention Spoilers!
Affaire de familles, affaire de vengeances
C’est en regardant My Soul to take que j’ai pris conscience de certains des thèmes de Wes Craven, ou plutôt que certaines thématiques étaient si fortes qu’elles suintent de tous les pores de chacun de ses films. Et s’il y a une obsession chère à Weslay Earl Craven, c’est bien la famille. Dans La Dernière maison sur la gauche, c’est d’une certaine façon deux familles qui s’affrontent, l’une vengeant les abominations qu’a fait l’autre sur leur fille. Dans Les Griffes de la nuit, Freddy revient d’entre les morts pour se venger des parents de Elm Street qui l’ont fait brûler 10 ans plus tôt pour protéger leurs enfants de ce tueur en série déjà détraqué de son vivant. Pour ce qui est de Scream, la vengeance est portée sur Sydney Prescott, dont la mère a été la maîtresse du père du tueur, ce qui a conduit au départ de la mère de ce dernier. S’en suit alors une folie meurtrière vengeresse au gout prononcé pour le Cinéma d’horreur. Car Wes est un passionné du genre dont il est maître, et il aime faire des clins d’œil aux copains.
Entre bouleversement des codes de l’horreur et Hommage appuyé
Car tout Scream est une lettre d’amour au temps béni du cinéma d’horreur des années 70 et 80, décortiquant les codes, Craven les maîtrisant tellement qu’il peut les avaler, les recracher et les modifier à sa guise. Ainsi Scream commence avec la fameuse scène d’anthologie: « Quelle est ton film d’horreur préféré » et pousse le vice jusqu’à appeler le meurtrier Billy Loomis, hommage au copain John Carpenter et à son fameux Halloween la Nuit des Masques. L’hommage aux potes est poussé à l’extrême avec l’apparition furtive de Linda Blair (la petite fille dans L’Exorciste) en journaliste, ou encore quand Drew Barrymore se trompe de tueur en citant Jason pour le premier Vendredi 13. Sa passion pour un univers étendu est ressassée, on la retrouve dans les remakes de ses propres films qu’il produit à tue-tête et aux nombreuses suites qu’il met en place, comme un refrain qu’on fredonne et dont on ne se sépare pas, à l’instar du remake de La dernière maison sur la gauche de 2009, du remake de La Colline à des yeux et sa suite, ou des nombreux chapitres des Griffes de la Nuit et Scream.
L’horreur dès la première seconde
Et en roi maîtrisant les codes sacrés de l’horreur, le père Wes sait fignoler et offrir des scènes d’ouvertures qui plante le décor et donne une idée franche de ce que sera le reste du film. Dans La Dernière Maison sur la gauche, la première scène montre un plan d’eau d’un calme limpide qui sera plus tard le théâtre d’atrocités. Le générique commence alors sur une Mari Collingwood pure de 17 ans, sous la douche et floutée, comme si le réalisateur voulait protéger une pudeur qui lui sera volée quelques heures plus tard. Le début des Griffes de la nuit présente une adolescente tout aussi innocente, rêvant d’un certain monstre au pull rayé rouge et vert. Soit dit en passant le costume le plus simple, parfait et effrayant de toute la filmographie de Wes Craven. Le rêve cauchemardesque en scène d’ouverture ne laisse pas le temps au spectateur de se préparer à ce qui va suivre, débutant l’action horrifique dès les première secondes, comme dans Scream, où Drew Barrymore meurt après avoir été l’héroïne des 11 premières minutes du film. Courte mais culte carrière dans l’horreur…
American scream queens baby: la mort, passage obligé vers l’âge adulte
Et oui, Drew Barrymore… Mais aussi Neve Campbell et Rose McGowan dans Scream, Sandra Cassel et Lucy Grantham pour la Dernière Maison sur la gauche, Heather Langenkamp et Amanda Wyss avec Les griffes de la nuit. Toujours une rengaine entêtante, servie dans des maisons bourgeoises américaines se ressemblant toutes pour un leitmotiv percutant: l’héroïne adolescente subissant les pires horreurs, dont la mort de sa meilleure copine. Connaître la mort c’est perdre sa naïveté et son enfance. La pureté juvénile ne colle pas avec le sang. À croire que la mort est le passage obligé pour passer à l’âge adulte…
Monstrueuse sexualité
… Tout comme le sexe à en croire ce fripon de Wes. La scène infect du viol dans La dernière maison sur la gauche montre une adolescente combative et courageuse, loin de l’enfant pure du début du film. L’abomination qu’elle subie est alors la source d’une force nouvelle, plus adulte. L’héroïne pure de Craven est toujours la proie sexuelle des monstres. Dans Les griffes de la nuit, Freddy débarque pendant l’ébat de Tina pour jouer au boucher, s’invite dans la baignoire de Nancy et aime glisser sa langue dans le combiné du téléphone quand elle l’utilise. S’il est présenté comme un « simple » meurtrier d’enfants dans le film original de 1974, le remake n’y va pas de main morte et le CV de Fred Krueger est rallongé par la fonction pédophile. Ou comment ne pas faire dans la dentelle et l’allusion et y aller franco sur le malsain. Mais le monstre peut aussi prendre de jolis apparats. Sydney en fait les frais dans Scream, quand elle fait sa première fois sans le savoir avec le meurtrier de sa mère, joli garçon sans son masque de ghostface.
Identité floutée
Car la question de l’identité est toujours une énigme à trouver dans les films de Wes Craven. Dans La dernière maison sur la gauche, les tueurs ne savent pas être dans la maison des parents de leur victime, et inversement. Dans Les Griffes de la Nuit, Nancy cherche à comprendre qui est ce fameux Fred Krueger, que les parents de Elm Street semblent connaitre et dont les liens avec les adolescents est assez évident, Freddy aimant hanter les cauchemars des progénitures de ses meurtriers. Dans Scream, la question de l’identité semble au début moins subtile étant donné le tueur masqué, mais le réalisateur joue avec ce postulat pour offrir deux tueurs sous les traits de ghostface.
Comme à l’accoutumé, le choix de parler de trois films d’un même réalisateur met en avant les obsessions qui transforment un technicien en cinéaste. Il ne m’est pas pénible de penser que Wes Craven est un des grands artistes du XXème siècle, et je pense que sa maladie et son décès ont empêché l’accouchement d’autres œuvres que le maître de l’horreur avait à nous offrir. Je trouve ses obsessions encore plus marquées que les précédents réalisateurs que j’ai mentionné. Cette répétition de l’identité et de la famille, retravaillée de façon jusqu’au-boutiste dans les suites de la franchise Scream, avec notamment la mère de Billy Loomis portant le masque dans le deuxième volet. Se dessine alors un jeu de miroir en hommage aux personnages de Jason et sa mère dans Vendredi 13 (la mère étant à l’inverse la tueuse du premier volet, Jason celui de tous les autres). L’hommage est d’ailleurs fait au tout début du premier Scream, quand Casey Becker se trompe en donnant le nom de Jason comme tueur du premier volet de Vendredi 13, erreur qui lui coûtera d’ailleurs très cher… Dans le troisième Scream, le tueur est le frère abandonné de Sydney et dans le quatrième sa jeune nièce. Tout est affaire de famille…

Wes Craven c’est aussi…
- La Colline a des yeux, 1977
- La Créature du marais, 1982
- Le sous sol de la peur, 1991
- Un vampire à Brooklyn, 1995
- My soul to take, 2010
…
Super,
Je dois être un peu moins à jour au niveau de sa filmographie. Mais mes préférences vont à ses premiers films La Dernière Maison sur la gauche, La colline a des yeux, et les premiers fredy Krueger. Mais je suis peut être resté un inconditionnel des années 70-80…. Quels sont les prochains grands maîtres ? Dario, Romero, Tobe Hooper ??
@+
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J’avais hésité entre Hooper et Craven, j’ai laissé twitter trancher, mais j’ai vraiment envie d’écrire sur lui. Je pense que le prochain ça sera surtout LA prochaine. J’ai envie de m’attaquer à Bigelow… Et moi aussi je suis une inconditionnelle des années 70-80, il n’y a jamais eu d’aussi bons films d’horreur depuis
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Bel article une fois encore, j’adore cette lecture croisée des œuvres d’un cinéaste. Wes Craven est un maître, un véritable penseur du genre qui a enseigné et étudié la litterature. Il a exploré la peur comme aucun autre, remontant à sa source. Je sors à peine de l’exposition Vampires à la cinémathèque et je ne peux m’empêcher de voir dans la figure griffue de Freddy une transposition moderne de Nosferatu.
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Je ne vois pas Freddy comme un Nosferatu… Je trouve le vampire de Murnau plus poétique et picturale. Freddy c’est au contraire une violence crasse de sous-sol aux tuyaux rouillés et à la moisissure collée aux chaussures. Freddy c’est la couleur agressive, le monstre dans le placard qui attend qu’on dort que la couette ne protège pas…
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Article très intéressant. J’aime quand des œuvres sont mises en parallèle selon leurs thématiques communes. Tu me donnes envie de revoir Scream. D’ailleurs, as-tu vu la série qui en est plus qu’inspirée ? Il faudrait aussi que je me penche davantage sur la filmo de ce grand monsieur du cinéma d’horreur.
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Non je n’ai pas regardé la série, je trouve d’ailleurs qu’elle n’a pas fait beaucoup de bruit étonnamment
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