Pour clôturer en beauté cette session d’articles spéciales Halloween, j’ai demandé à des blogueurs en activités ou à la retraite de raconter la scène la plus terrifiante qu’ils aient vu sur grand écran. Toutes les réponses sont cocasses, certaines sont surprenantes, et ce qui est d’autant plus cool, c’est que la plupart ne sont pas issus de films d’horreur. Ce que je retiens de leur choix, c’est que ce n’est pas forcément le film le plus effrayant qu’ils aient vu dont ils parlent, mais plutôt de la scène qui leur a inspiré un tel malaise que celle-ci ne les a pas quitté, et ce depuis des années. C’est peut-être ça la vraie terreur, celle qui s’insinue et se grave à l’encre indélébile dans l’esprit.

ATTENTION SPOILERS

 

Eric de Je suis un gameur

Une scène qui m’a traumatisé… Cela remonte au début des années 1990. Je devais avoir sept ans à tout casser. Sur TF1 passait un film qui doit toujours l’être aujourd’hui : Robin des Bois, prince des voleurs, avec notre ami Kevin (Costner évidemment). La scène en question est celle où on voit la sorcière pour la toute première fois. Quand tu es un petit garçon tout innocent, être confronté à cette vieille femme dégueulasse avec un œil aveugle te fout la trouille ! Je ne m’en rappelle plus vraiment mais il me semble que dans ladite scène elle tue un petit animal, probablement une souris. Pour moi ce fut une vraie vision d’horreur.

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Robin des bois, Prince des voleurs, Kevin Reynolds, 1991

 

Christophe alias M.Cinéphile

De base j’essaye d’éviter tout ce qui peut me terrifier. J’aime les films d’horreur qui ne me font pas peur, ceux à ambiance des années 80 par exemple, de Carpenter, Fulci, Bava, Craven, qui peuvent déranger, dégoûter, surprendre, faire sursauter, mais sans provoquer non plus un malaise trop persistant et sans jump scare putassiers. Mes nuits je les préfère complètes et sans cauchemars ! Alors je vais vous parler d’un petit slasher des familles. Très petit d’ailleurs, en aucun cas un grand film. Massacre au camp d’été (Sleepaway camp dans la langue de Shakespeare), réalisé par un certain Robert Hiltzik et sorti en 1983. Ronald Reagan, quelques guerres par-çi par-là et Le retour du Jedi au cinéma. Une belle petite année en somme ! Comme dirait l’autre “il va y avoir du spoile, mais moi j’reste tranquille”, vous êtes prévenu, la scène dont je vais parler c’est carrément la fin du métrage. Je suis nul pour pitcher un film alors je me contenterai d’un copié-collé qui donnera un peu plus de volume à mon article (la flemme, c’est une philosophie de vie, qu’on le veuille ou non) : Deux enfants, Peter et Angela, font du bateau avec leur père sur un lac. Un hors bord perd le contrôle et vient les percuter de plein fouet. 8 ans plus tard. Angela vit désormais chez sa tante et son cousin Ricky. Tous les deux partent pour un camp de vacances. Toujours traumatisée par l’accident, Angela ne parle qu’à son cousin. Elle provoque l’énervement des autres filles car elle ne pratique aucune activité. Alors qu’elle risque de se faire violer par le cuisinier, son cousin Ricky arrive juste à temps. Peu de temps après, le cuisinier se fait assassiner alors qu’il préparait un bac d’eau bouillante. Angela devient le souffre-douleur des autres enfants du camp qui n’arrêtent pas de l’embêter, excepté Paul, un jeune garçon qui succombe à son charme. Bientôt, d’autres meurtres affreux se produisent dans le camp. Les victimes sont toujours des personnes qui ont ennuyé Angela peu de temps avant… Un joli synopsis qui en dit beaucoup trop, avec un certain panache. Je ne me souviens plus trop des tenants (comme David) et des aboutissants (comme…ouais non) mais en gros ATTENTION RÉVÉLATION DE LA FOLIE au début ce n’est pas Angela qui survit mais son frère, Peter (TIN TIN TIIINNN). La tante qui le récupère a déjà un fils alors elle décide d’élever le gosse comme une fille et pour l’occasion de lui faire porter le prénom de sa soeur défunte. Oui c’est compliqué et salement perturbé du bulbe, mais c’est ça la campagne américaine, c’est typique ! Y’a pas que des drugstore et les motels de passe, y’a aussi un sens ‘achement développé de la famille. Et ça c’est beau. En plus d’être une sorte de transgenre qui s’ignore presque, Angela / Peter se révèle être le tueur du camp (TIN TIN TIIIIINNN), prenant sa revanche sur celles et ceux qui lui cherchent des crosses. Parfois c’est justifié (le gros cuistot qui veut la violer), parfois moins (mais j’ai plus d’exemples…). Pour en venir à la scène finale donc, qui m’a pas mal foutu les chocottes alors qu’elle est totalement nanardesque j’en conviens, on y voit la testas d’un mec qui roule, et hop un plan sur Angela, à oualp, cheveux hirsutes, couteau à la main, et qui pousse un râle très étrange, le tout accompagné par avec une musique bien stridente. Le plan alterne avec celui de deux personnages qui là/le regarde avec des têtes d’enterrements en mode “It’s a boy” (mais pas un heureux “It’s a boy” comme après un accouchement quoi), et là y’a dézoom pour qu’on voit bien la bête. L’asperge. La baguette Folépi. Le baigneur. Les bijoux de famille. La biroute. Le petit Jésus. Popol. Bref la tête-chercheuse, le thermomètre à moustaches. Le pénis d’Angela quoi. Décidément elle en fait des trucs “pendan papaw pa la”… Et c’est super malaisant, surtout par rapport au reste du film qui pour le coup est plutôt tranquille. L’ambiance, les réactions, l’attitude d’Angela / Peter nu la tronche chelou et la gueule grande ouverte (genre trois Big Mac ça tient à l’aise), j’étais pas vraiment prêt. Pourtant je m’étais fais micro-spoiler la fin, mais sans comprendre complètement, ou sans faire attention. Qu’elle soit le tueur n’est pas le plus gros retournement de l’histoire du cinéma, mais qu’il s’agisse en fait de Peter et qu’il soit pas juste en mode défense mais super dérangé dans sa tête, et bien je sais pas mais ça m’a foutu l’frisson. Un frisson dans la nuit. Et c’est mon souvenir le plus récent d’un p’tit malaise de cette ampleur. C’est bête, c’est rien, et pourtant. 1h30 d’ennui poli pour un dénouement qui marque l’esprit, ça reste un roller coaster d’émotions cinématographiques pas piqué des hannetons.

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Massacre au camp d’été, Robert Hiltzik, 1983

 

Lilylit

J’ai toujours été un peu trouillarde, donc j’ai cherché à éviter les films qui risquaient de me faire peur. À part Psychose vu en classe, je n’ai commencé à regarder des films du genre « horreur-épouvante » que très récemment (et encore, pas en salles pour l’instant). Du coup ma scène la plus terrifiante a probablement de quoi faire rire, mais quand je suis tombée dessus vers 10 ans, elle m’a fait faire des cauchemars ! Si je vous dis crime, train, détective, vous l’avez ? Il s’agit de l’adaptation de 1974 du Crime de l’Orient-Express, de Sidney Lumet. Eh bien Sidney, je ne vous remercie pas ! [SPOILER ALERT] Ce qui m’a terrorisée, c’est la scène du meurtre, plus exactement de sa reconstitution au moment où Hercule Poirot révèle l’identité des tueurs/euses. Dans une ambiance sombre à la lumière bleutée (je parle de mémoire près de 20 ans plus tard, toute imprécision serait donc le fruit de souvenirs défaillants), nous apercevons tour à tour chacun(e) des meurtriers/ères qui vient poignarder M. Ratchett. Deux éléments ont contribué à imprimer cette scène dans mon esprit d’enfant : d’abord, les silhouettes se détachant façon ombre chinoise inquiétante sur le mur de la cabine. Mais surtout, le travail du son. En effet, on entend distinctement la lame lacérer les chairs, et le réalisme est poussé jusqu’à rendre des sonorités différentes selon la personne qui tient l’arme, et qui l’utilise avec plus ou moins de rapidité, de force ou de dextérité. Brrr, ce bruit mou de déchirure, quelle horreur ! Ça vous étonne si je précise que je ne suis pas allée voir la version de 2017 ? 😉

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Le crime de l’Orient Express, Sidney Lumet, 1974

 

Hauntya

Les films d’horreur et moi, c’est un paradoxe ambulant. J’aime en regarder et ils me fascinent, mais je suis toujours plus impressionnée et plus sensible face à eux sur le moment, qu’en jouant à un jeu vidéo d’horreur. J’ai aussi revu plusieurs films traumatisants d’enfance (de Gremlins à Cube) qui mettent toujours mal à l’aise, mais avec bien moins d’effroi qu’avant, avec un regard d’adulte. Il n’a donc pas été facile de choisir une scène qui me soit encore terrifiante aujourd’hui, et avec le temps passé depuis son visionnage. En réfléchissant à l’idée suggérée par MarionRusty, l’une des premières scènes terrifiantes me venant à l’esprit a été celle de la dame au cou tordu, dans l’épisode 5 de la série The Haunting of Hill House (2018). La série se déroule dans une maison hantée, relatant l’enfance et l’âge adulte d’une famille l’ayant occupée, chaque membre ayant été confronté à des manifestations surnaturelles. Parmi eux, Nell voit régulièrement apparaître devant elle une « dame au cou tordu », une silhouette de femme à la tête déboîtée, penchant sur le côté, marmonnant des paroles incompréhensibles. Ce fantôme la poursuit toute sa vie, et a notamment la particularité d’apparaître lorsqu’elle fait une paralysie du sommeil. Cette paralysie du sommeil, c’est un état entre réveil et sommeil, où le corps est endormi mais l’esprit réveillé. La personne la subissant est incapable de bouger ou de se réveiller. Son esprit se met alors à paniquer, créant l’apparition de voix connues, ou cauchemardesques, de personnes n’étant pas là, de bruits, de silhouettes, d’ombres, de lumières allumées et normalement éteintes, quand il ne s’agit pas de faux réveils enchaînés les uns dans les autres. Un état donc particulièrement angoissant, qui pourrait être aussi à l’origine de l’apparition vue par Nell. Au cours de l’épisode, on a ainsi plusieurs scènes où Nell, adulte ou enfant, voit la dame au cou tordu apparaître devant elle, murmurant des paroles incompréhensibles. Cependant, elle est toujours incapable de bouger, de cligner des yeux, de crier, condamnée à subir la présence de ce fantôme terrifiant sans pouvoir y échapper, dans l’espoir de finir par se réveiller. L’actrice, statique, parvient à parfaitement reproduire cette terreur vivante, qui ne peut pas être soulagée par un cri, un mouvement, une fuite. En tant que spectateur, nous le subissons avec elle. Le pire étant, notamment, la scène de résolution à la toute fin, qui donne un tout autre sens à ce fantôme et le rend encore plus horrible. Pourquoi cette scène ? Tout d’abord, l’une des choses me faisant le plus peur dans les films d’horreur, c’est la présence de fantômes, d’apparitions, tout ce qui relève d’un au-delà qui pourrait exister, mais dont on n’est pas sûr. C’est ce « possible » qui rend pour moi leur présence plus terrifiante que celles de vampires, de loup-garous ou de clowns maléfiques. Et il est plus probable d’en voir ensuite un dans votre chambre le soir, après avoir vu le film. J’ai aussi en horreur singulière tout ce qui est déchirement, déboîtement, déformation des corps, ayant l’impression de le ressentir physiquement à chaque fois que j’en vois dans un film du genre. Mais là où The Haunting of Hill House rajoute une couche de terreur, c’est avec la paralysie du sommeil : qu’y a-t-il de plus horrible que de devoir rester immobile sur son lit, prisonnier de son corps, sans pouvoir manifester son effroi ou fuir, en contemplant un fantôme qui reste devant vous ? Sans savoir si c’est un délire de votre esprit pas tout à fait réveillé, ou quelque chose qui se passe réellement ? J’ai déjà fait une seule et unique paralysie du sommeil, où une ombre encapuchonnée aux yeux de braises était au bout de mon lit, sans cesser de me fixer, dégageant une aura extrêmement maléfique qui semblait me drainer. Autant dire que tomber des années après sur des scènes similaires, extrêmement bien travaillées et traduisant parfaitement la peur de cette nuit-là, a contribué à rendre cet épisode de Hill House terrifiant et marquant. La manière qu’a l’actrice, oppressée et terrifiée, de tenter de bouger un doigt, de regarder ailleurs, de parler, de se rendormir, de se rassurer, tout cela en vain… Même si, d’un autre côté, cela peut être une catharsis de voir des peurs ainsi représentées, montrant que cela est loin d’être un cas isolé.

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The Haunting of Hill House, Mike Flanagan, 2018

 

Gilles Peyroux de Donnie Jeep Productions

Été 1991. J’ai huit ans, je suis en vacances chez ma tante du côté de Chartres et je ne le sais pas encore mais en cette douce soirée de juillet je vais découvrir ce qui va devenir l’un de mes films cultes tout expérimentant l’un de mes tous premiers moments de flippe cinématographique. Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Voilà le titre inscrit au feutre sur la vhs que je pioche parmi la pile qui traîne sous le meuble télé. Ces quelques mots ont attiré mon attention. Je demande à ma tante de quoi ça parle. Aventure, action, humour, dépaysement. Forcément je suis emballé par un tel pitch et après avoir glissé la cassette dans le magnétoscope, je m’enfonce confortablement dans le canapé, prêt à me lancer avec Indy sur les traces de l’Arche d’alliance. Rien que le début du métrage me met un uppercut, entre la mythique scène d’ouverture avec le fondu sur le logo de la Paramount et les pièges mortels dans le temple des hovitos. La suite n’est qu’un rollercoaster fantastique qui ne me laisse pas une seconde de répit. Je n’ai jamais vu un tel film, moi qui au rayon aventure étais plutôt habitué aux Mines du Roi Salomon avec Richard Chamberlain et Sharon Stone, Voyage au Centre de la Terre d’Henry Levin ou encore ces séries B qui passaient dans l’émission Cinéma de Quartier de Jean-Pierre Dionnet. Dire que je prends un pied monumental serait un doux euphémisme… jusqu’à cette fameuse scène. Indy et Marion sont en mauvaise posture, ficelés à un poteau, impuissants, pendant que les SS s’apprêtent à ouvrir l’Arche sous la direction de Bellocq. Captivé, j’ai les yeux rivés sur l’écran. Rien ne se passe, rien ne se passe… et puis tout arrive. Des esprits jaillissent, la superbe musique de John Williams se tend, se fait à la fois mystérieuse et ténébreuse avant d’exploser en même temps que les esprits libérés. Les cordes virevoltent, les cors tonnent, les cris retentissent, les visages se distordent, grotesques, puis fondent en même temps que mon courage. La terreur des nazis s’épand dans mon corps, tel un ras de marée. Submergé par la peur, je finis par fermer les yeux, tel Indy et Marion toujours ficelés à leur poteau. Les cris continuent encore et encore. J’ai l’impression d’être pris dans une boucle qui ne finira jamais, saisi par un sentiment de honte de ne pas être assez « fort » et « grand » pour encaisser la scène. Puis tout disparaît. Les yeux toujours fermés j’attends encore quelques instants avant de me reconnecter au monde qui m’entoure. Sur l’écran, la scène est vide. Ne reste que les deux héros. Les cors s’endorment, les cordes s’apaisent, une flute s’élève doucement, soufflant une mélodie romantique. Pas suffisant pour attendrir les petits poils effrayés qui se dressent sur mes petits bras pétrifiés. Le film s’achève quelques minutes plus tard mais j’ai du mal à en profiter pleinement. Plus tard dans la nuit, je ne rêve pas d’Égypte et de trésors enfouis mais de visages hideux qui coulent comme du fromage de chair et de sang. En plus du côté gore de la chose, ce sont aussi les esprits tournoyants qui me hantent. Je me rendrai compte plus tard que si je n’ai plus de réels problèmes à me confronter aux zombies, loups-garous et autres serial killers frapadingues, j’ai par contre une peur totale de tout ce qui est fantômes, esprits et possession. L’impalpable et la perte de contrôle qu’il engendre me fait totalement flipper. Il me faudra attendre quelques années avant de me confronter de nouveau aux Aventuriers de l’Arche Perdue et de découvrir ses deux suites (on me dit qu’il y en a une troisième mais il me semble que c’est une légende urbaine). Maintenant, à chaque fois que je revois le film et que cette scène arrive, j’ai toujours ce petit pincement au cœur en me rappelant ce gamin de huit ans presque honteux de devoir fermer les yeux. J’ai envie de le réconforter, lui dire que ce n’est pas grave, au contraire ; qu’exhumer cette vhs de la pile dans laquelle elle se cachait, est une des meilleurs choses qui lui soit arrivé dans sa vie de cinéphile.

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Les Aventuriers de l’Arche perdue, Steven Spielberg, 1981

 

Marion de 28 Films Plus Tard, enfin moi quoi 😉

Pour mes 10 ans, mon père voulait m’offrir un beau voyage. Au début c’était la Corse, mais se rendant compte que une semaine en Corse équivalait en prix à deux semaines en Guadeloupe, mon ptit papa a fait péter la tirelire et nous sommes partis vers cette terre reculée. Je me souviens de tout, les odeurs du marché aux épices, la gentillesse des serveurs qui me laissaient rentrer dans les cuisines, mes copines de là bas et moi cassant à l’aube sur le béton les noix de coco tombées durant la nuit pour en boire goulûment le jus, … Et le bateau Cousteau. Mon père voulait qu’on aille sur un bateau, sans m’en dire beaucoup plus. Nous faisons beaucoup de route, jusqu’à arriver à un navire blanc. Une fois dedans, je me rends compte qu’une partie de la coque est en verre. C’est magnifique, je m’extasie, le bateau vogue jusqu’à un point reculé de l’océan. Moi naïve, je ne comprends pas pourquoi le gentil monsieur plongeur prépare un morceau de viande de sa taille. Il plonge, va vers la coque vitrée… Et je vois avec horreur que de véritables monstres marins faisant la moitié de sa taille viennent manger le bout de barbaque. Sur ce, on annonce au haut parleur que les passagers peuvent se changer pour plonger à leur tour. Moi, 10 ans donc, ayant vu ce que j’ai vu, imaginant ces monstres tâter mon pied voir s’il avait du gout, suis donc forcée de me jeter à l’eau – de se faire jeter à l’eau de force par son cher paternel . J’ai un masque, un tuba et un gilet de sauvetage qui me fait ressembler à un bibendum. Et c’est là que s’est jouée le cauchemar de mon enfance. Dans l’eau, là à quelques mètres, un foutu de putain de requin de derrière les fagots. Je ne me souviens plus trop ce qu’il s’est passé après, j’ai du gueuler comme une truie, nager avec la grâce d’un phoque, mais je me suis très vite retrouvée sur le bateau. On a beau m’expliquer que tous les requins ne mangent pas l’Homme, celui ci étant petit et ne se nourrissant que de choses aussi minuscules qu’une sardine, pour moi il avait la gueule d’un requin et tout ce que ça implique dans l’imaginaire d’un enfant. J’avais vu Alien dans frissonner, maté en rigolant en boucle la scène où le terminator s’arrache l’œil, mais là c’était la terreur, la vraie que j’avais ressenti. Depuis cet épisode, si je veux une bonne vraie frousse, je me mate un film avec des requins, du pire nanar au pas trop mauvais. Mais le film où je ne fais pas ma fière, c’est sans contestation Les Dents de la mer. Pour moi, ces requins mécaniques d’un autre âge sont les créatures les plus effrayantes, loin devant les clowns, nonnes et autres ridicules inventions. Le requin lui est bien plus réel. Cette scène où le shériff Brody voit surgir la tête immense du requin blanc qu’ils traquent avec cette phrase mythique « We’re gonna need a bigger boat. », celle où Matt Hooper plonge dans la cage, … Mais la vraie terreur, la scène qui me donne des frissons rien que d’en rappeler, c’est quand Quint explique pourquoi il s’est fait retirer son tatouage, en racontant le fameux naufrage de l’Indianapolis. Son histoire, issus d’un fait réel, est alors d’autant plus glaçante. Nul besoin de musique tonitruante, de jump scare facile et de sang, juste une histoire vraie, avec pour seule musique le bruit alors terrifiant de l’eau et la danse tranquille du bateau.

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Les Dents de la Mer, Steven Spielberg, 1975

 

Et vous, c’est quoi votre scène la plus terrifiante ?