Lundi, je vous avais prédis du culte. C’est chose faite aujourd’hui avec de nombreux classiques… Bonne lecture à tous, courageux lecteurs qui suivez mes recommandations BD/comics depuis lundi!

La Cour des Hiboux

Scott Snyder (scénariste) et Greg Capullo (dessinateur). Urban Comics / 2012 / 2 tomes (la nuit des hiboux)

Bruce Wayne est de retour sous le costume de Batman après un temps d’absence. Dans cet album, il poursuit cette fois un assassin aux allures de hiboux, qui le prendra comme cible. Plus son enquête avance, plus Batman accumule des informations sur les motifs de l’assassin, découvrant une vérité cachée mêlant la propre famille de Bruce aux origines troubles de la ville de Gotham City.

Comme vous avez pu le voir au cours des 20 recommandations BD/Comics qui ont été faite depuis lundi, je ne suis pas vraiment friande de supers en collants « connus ». Vous ne trouverez aucun Marvel dans ma bibliothèque, ce qui n’est pas forcément une fierté, car j’ai déjà lu d’excellente oeuvre de cette écurie, notamment l’excellent Civil War, qui n’a absolument rien à voir avec son adaptation. Dans les supers héros classiques, mon chouchou, c’est la chauve souris. Personnage sombre, violent sur le tard de sa vie, j’ai une dizaine de tomes sur le bat justicier, par des auteurs que j’idolâtre: Frank Miller, Alan Moore (dont je vous reparle demain) et Scott Snyder. Et Scotty nous a offert du très lourd en inscrivant son arc narratif dans la légende avec La Cour des Hiboux, oeuvre remettant en question les fondements même de Gotham et donc de Batman. Greg Capullo nous propose également quelques trouvailles visuelles pour mieux illustrer la folie d’un anti-héros perdu dans sa ville. Une grande oeuvre pour un personnage qui en avait encore besoin.

Maus

Art Spiegelman (scénariste, dessinateur). Flammarion / 1980

Maus, c’est l’histoire d’une souris dont le chat a décidé d’avoir la peau. La souris est le juif, le chat le nazi. Le destin de Maus est de fuir, de fuir sans espoir l’obsession du chat qui lui donne la chasse et lui trace le chemin de la chambre à gaz. Mais Maus est également le récit d’une autre traque, celle d’un père par son fils pour lui arracher l’histoire de sa vie de juif entre 1939 et 1945 et en nourrir sa propre mémoire, se conformant ainsi à l’obligation de se souvenir.

Surement l’oeuvre la plus culte de cette semaine. Prix Pulitzer, Prix Eisner, Prix Harvey, Prix de la meilleure BD étrangère au Festival d’Angoulême. Juste les prix les BD les plus importants au monde, plus ce Pulitzer, qui fera que plus jamais personne ne pourra dire que la BD est un art mineur. Maus, c’est l’Histoire, celles de milliers de personnes, mais aussi celle d’un jeune artiste surnommé Artie, en quête de l’histoire de son père, qui est indubitablement liée à l’Histoire avec un grand H. Quête d’une génération pour comprendre la douleur de leurs parents, Maus est une oeuvre dont les extraits sont présents aujourd’hui dans les livres d’Histoire. Un très grand moment de BD qu’on tient fébrilement dans sa main.

La Saga de Grimr

Jeremy Moreau (scénariste, dessinateur). Delcourt / 2017

La Saga de Grimr est une quête d’identité tragique dans un décor grandiose. Le héros y est confronté à chacun des piliers de la culture islandaise : le prestige de la généalogie, le culte de la loi et la superstition.1783. L’Islande, accablée par la misère, doit encore subir le joug du Danemark. Et le sort de Grimr, devenu orphelin, est plus cruel encore dans ce pays où l’homme se définit d’abord par son lignage. Doté d’une force impressionnante, il se sait capable de rivaliser avec les plus fameux héros de saga même s’il n’est le fils de personne. Il ne lui manque que l’opportunité de prouver sa valeur…

Jeremy Moreau raconte toujours l’histoire de personnage en marge de leur époque, des êtres presque surhumains qui changent la face du monde par leur passage. Ici Grimr est un enfant qui ressent la Terre, à l’écoute des éléments, capable de lutter contre eux. Fable écologique, épopée islandaise, cette saga a en tout cas marqué mon cœur de son empreinte.

Les Sentiments du Prince Charles

Liv Strömquist (scénariste, dessinatrice). Editions Rackham / 2016

Lors d’une conférence de presse après ses fiançailles avec Diana, le prince Charles dut répondre à la question : « Êtes-vous amoureux ? » Après une petite hésitation, il répondit : « Oui… Quel que soit le sens du mot “amour” ». Or, en lisant la presse people quelques années plus tard, on constata que de toute évidence Charles et Diana n’attribuaient pas du tout le même sens au mot « amour »… En feuilletant les mêmes magazines, on pouvait aussi se demander comment Whitney Houston avait pu tomber amoureuse d’un sale type comme Bobby Brown, et de remarquer au passage qu’en matière d’amour, le bonheur de l’un ne fait pas forcement celui de l’autre. « Qu’est-ce donc que l’amour ? » Forte du constat que les déconvenues sentimentales sont loin d’être l’apanage exclusif de quelques chanteuses ou têtes couronnées, Liv Strömquist mène sa réflexion sur le pourquoi du comment de la relation amoureuse.

Une amie m’avait offert I’m Every Woman, que j’avais adoré. J’avais ainsi voulu en savoir un peu plus sur Liv Strömquist et son oeuvre, et je suis tombée sur Les Sentiments du Prince Charles. Le titre m’avais rendue curieuse et amusée. Ce roman graphique est un ensemble d’histoires de femmes étant tombées sur des compagnons boulets, et c’était bien drôles, passé l’horreur de certaines anecdotes. Pour les amoureux de liberté, de Penelope Bagieu et d’Histoire.

Blacksad

Juan Díaz Canales (scénariste) et Juanjo Guarnido (dessinateur). Dargaud / 2000 / 5 tomes (pour l’instant)

Les histoires prennent place dans une atmosphère de film noir, aux États-Unis dans les années 1950. Tous les personnages sont des animaux anthropomorphes dont l’espèce reflète le caractère ainsi que le rôle dans l’histoire. Le héros, John Blacksad, est un chat noir à museau blanc exerçant comme détective privé.

Blacksad, c’est le chat noir bougon amoureux de jazz qui raconte ses histoires en tant que détective. Affichant un éternel flegme, il est pourtant épris de justice, flirtant avec les limites de la loi quand celle ci est un frein à la vengeance et à la vérité. BD culte pour 1000 foutues bonnes raisons, Blacksad est un voyage dans l’Amérique classe des années 50, où l’américain moyen rêve encore de liberté malgré un racisme ambiant crasse et les traumatismes de la grande guerre. Un anthropomorphisme n’empêchant donc nullement le réalisme, servi par un dessin précis et griffonné sublime. Attendu depuis 2013, le prochain tome ne saurait tarder selon l’éditeur, une nouvelle en or pour de nombreux fans.