Deuxième journée du challenge de Un jour, Cinq BD/Comics, 35 BD sur une semaine! J’espère que chacun y trouvera son bonheur et que même les plus calés découvriront quelques pépites. Bonne lecture à tous =)

Nailbiter

Josh Williamson (scénariste) et Mike Henderson (dessinateur). Editions Glénat / 2016 / 6 tomes

Buckaroo, Oregon, a donné naissance à 16 des plus dangereux serial killers des États-Unis. Cette ville nourrit l’obsession de Caroll, profiler au FBI, depuis que le dernier « boucher de Buckaroo », Edward « Nailbiter » Warren, a été acquitté au tribunal et lui a filé entre les doigts. Comment une si petite ville a pu voir émerger tant de meurtriers? Finch, agent à la NSA, doit rejoindre Caroll pour élucider cette énigme sur place. Mais quand il arrive, son ami a disparu. Et le seul qui peut l’aider à le retrouver n’est autre que le diable en personne : Warren.

Quand j’ai commencé la BD, j’étais plutôt tournée vers la branche Comics gore/horreur, je n’ai d’ailleurs lu que ça pendant plusieurs années. Alors une saga sur une bande de tueurs en série tous plus farfelus les uns que les autres, c’était forcément pour moi. Une atmosphère pouasseuse se dégage de Buckaroo, lieu de naissance de la plupart des tueurs en série des USA. Le soleil ne semble jamais pouvoir transpercer les nuages et la pluie épaisse, offrant une palette éternelle de nuances de gris et de pourpre. Si la qualité s’étiole au fil des tomes, l’impression générale reste que c’est un foutu bon comics d’horreur, fun à souhait, terrifiant grâce à de jolies trouvailles de composition du cadre.

Le Département des théories fumeuses

Tom Gauld (scénariste, dessinateur). Editions 2024 / 2020

Avec finesse et facétie, Tom Gauld brosse un portrait fantaisiste du monde des Sciences ! De son œil acéré, il décortique le jargon des physiciens nucléaires, explore les recoins mystérieux des labos de recherches, et se prend de tendresse pour quelque bactérie insignifiante et délaissée… et l’on s’amuse avec lui des théories fumeuses qui sortent de ces cerveaux surchauffés !Certes, ce n’est pas grâce à ce livre que vous comprendrez les équations différentielles, mais vous saurez enfin comment faire rire votre cousine entomologiste aux repas de famille et ça, c’est une découverte majeure.

Ok on arrête tout. Tom Gauld, c’est LA trouvaille récente que j’ai fait. J’avais lu un article en décembre, illustré par cette simple couverture, et le titre m’avait intrigué. J’en ai parlé à mon mari, et quelques semaines plus tard, il était sous le sapin. Je l’ai donc lu le matin de Noel, et j’ai clairement du passer pour une folle. Pendant que mon mari, sa sœur et ptit loup déjeunait, je pleurais de rire dans mon fauteuil. J’espère qu’il n’en faut pas plus pour vous donner envie de découvrir Tom Gauld. En tout cas j’ai couru découvrir quelques une de ses autres œuvres dont les géniaux Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack et En cuisine avec Kafka.

Dropsie Avenue

Will Eisner (scénariste, dessinateur). Editions Delcourt / 1995

Dans ce dernier volet de la trilogie du Bronx, Will Eisner retrace avec humour et sensibilité le paysage social de Dropsie Avenue, une rue imaginée et nourrie des souvenirs de l’auteur. À travers quatre siècles d’immigration, durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portoricains ont construit l’identité américaine, ce maître du 9e art lègue aux générations futures une oeuvre incontournable.

Will Eisner, c’est juste le papa du roman graphique, un ponte de la bulle qui maîtrise complètement sa narration et nous emmène où il veut quand il veut, s’autorisant des sauts dans le temps sans prévenir et sans jamais nous perdre. Biographie d’une rue de New York, de sa création à (plus ou moins) aujourd’hui, Dropsie Avenue est comme la vie, microcosme du monde qui fonctionne en cycle, connaissant la misère comme des jours fastes. Un classique et une leçon de 9ème art comme j’en ai rarement lu.

Dans les Vestiaires

Timothé Le Boucher (scénariste, dessinateur). Editions Boite à bulles / 2014

Le nouveau vestiaire des collégiens ouvre ses portes. Vitres floutées et toilettes roses, les garçons découvrent les locaux rénovés avec un mélange de gêne et de moquerie.
D’autant plus que les douches sont désormais collectives ! Ainsi deviennent-elles un centre d’intérêt particulier, dans cet espace clos où le principe fondamental de l’autorité adulte disparaît et où peuvent s’exprimer les instincts primaires à l’état le plus brut : agressivité, sexualité ado, moqueries, harcèlement de la tête de turc… Est recréée au sein même du vestiaire une microsociété sans limites et à l’équilibre incertain, avec ses chefs craints et ses moutons noirs. Affranchis, les garçons du vestiaire affichent leur cruauté naturelle dans un récit à la fois captivant et étouffant qui n’est pas sans rappeler Sa Majesté des mouches.

Timothé Le Boucher, c’est un de mes frenchies chouchous. Après avoir lu Ces jours qui disparaissent et Le Patient, je me suis attelée à la lecture de Dans les Vestiaires. Portant à merveille son titre, toute l’histoire ce passe dans ce lieu inaccessible à l’adulte, où l’enfant cruel est roi. Ici, sans vêtement et donc à la merci des regards des camarades prêt à attaquer à la vue de n’importe quel élément jugé disgracieux, le vestiaire devient un enfer craint par les plus démunis. Lecture dure mais nécessaire pour réveiller des adultes un peu trop enclins à voir en leur chérubin des créatures dénuées d’inhumanité et de haine.

Contro Natura

Mirka Andolfo (scénariste, dessinatrice). Edition Glénat / 2018

Dans un monde peuplé d’animaux anthropomorphes, la loi n’admet que l’union d’individus de même race. Les transgresseurs sont sanctionnés et emprisonnés, accusés d’être « Contre nature ». Leslie, elle, est un cochon simple qui aime les sushis et la musique, forcée de faire un travail qu’elle déteste pour survivre. Cette jeune femme de vingt-cinq ans vit avec Trish, sa meilleure amie, rêvant, comme tous les gens de leur âge, d’une vie différente. Mais les rêves peuvent être dangereux, surtout lorsque c’est un loup inquiétant qui les peuple et que, au réveil, Leslie commence à se sentir observée…

Dystopie italienne au dessin pop et coloré, où une cochonne fait des rêves interdits avec un loup, Contro Natura est une épopée moderne sur fond de mythologie, nous offrant aventure, action et amour sans un moment de répit. Les personnages attachants et nuancés nous entraînent avec facilité dans cette histoire sans prétention mais divertissante. Et parfois c’est tout ce qu’on demande.